La question primordiale en environnement n’est pas tant de savoir combien de temps encore l’humain peut continuer à survivre en massacrant la nature, mais plutôt celle de savoir d’abord quelle est notre place sur Terre. C’est une chose de vouloir survivre, mais c’en est une autre de savoir pourquoi l’on y tient tant.

Car vivre ne veut surtout pas dire uniquement survivre. En ce sens, le discours environnementaliste à la mode actuellement est un discours réducteur : c’est celui de la survivance à tout prix et non celui de la vie elle-même. Il occulte également des questions essentielles comme : qu’avons-nous à partager avec l’ensemble du monde des vivants qui l’habite ?

Or, en visant prioritairement notre sécurité et notre survivance, le discours environnementaliste tue présentement dans l’œuf l’essentiel de ce qui fait notre raison d’être sur Terre.

Pourtant, c’est de celle-ci et de celle-ci uniquement que peuvent émerger des préoccupations honnêtes quant à notre avenir.

Car si, depuis plus d’un siècle, ces préoccupations se sont faites manquantes, c’est justement parce que nous avons perdu au cours de l’ère industrielle l’essentiel de ce qui nous caractérisait autrefois, c’est-à-dire l’émerveillement face à la grandeur et à la somptuosité de la nature !

En effet, depuis le milieu du XIXe siècle environ, nous avons fait fi de cette admiration et du respect qu’elle entraînait pour plutôt opter pour la transformation de la Terre en une gigantesque source de ressources économiques.

La politique canadienne en matière d’environnement est très éloquente à ce sujet : plus d’argent dans nos poches grâce à la vente massive de pétrole à l’étranger et des mesures locales pour nous protéger des gaz à effet de serre qu’il engendre chez nous ! Aussi bien dire que l’on se fout de la planète pourvu que l’on se sécurise dans notre petit environnement.

Ce discours environnementaliste laisse donc faussement croire que si nous respectons scrupuleusement notre environnement immédiat, il nous sera possible de vivre en toute sécurité sur la planète.

Or, c’est faux ! La Terre n’est pas et ne sera jamais un salon zoné tout confort que nous pouvons ajuster à notre guise.

Pas plus que pour les animaux, la sécurité n’y existe pas. Rappelons que nous vivons sur une corde raide suspendue quelque part entre ciel et terre !

Dans ce court espace s’entrelacent des milliers d’espèces vivantes, la faune et la flore travaillant en synergie avec la composition géochimique de l’atmosphère pour maintenir le climat de la Terre dans un état propice à la vie.

Nous sommes au milieu de toute cette effervescence de vie et on voudrait nous faire croire qu’en mangeant tous les matins notre petit bol de céréales bios et en compostant tous les jours nous serons préservés de tout malheur.

Rappelons qu’historiquement, c’est plutôt dans la peur devant la démesure de la nature que l’humain a toujours trouvé les moyens d’y vivre dans une relative harmonie. Or, c’est cette démesure qui, dans notre velléité d’argent et de puissance, nous a échappé depuis 150 ans. Malheureusement aujourd’hui, dans un vent de panique, nous la retrouvons sur le tard avec frayeur !

Notre vulnérabilité par rapport à la nature a pourtant toujours fait partie de ce que nous sommes comme êtres physiques et mortels. Loin de l’occulter par un discours environnementaliste ringard centré principalement sur notre confort sur Terre, nous devons l’assumer et faire en sorte que dans nos esprits cette fragilité inhérente à notre condition d’être vivant redevienne, comme elle l’était à l’origine, l’unique motivation de nos expériences exploratoires.

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