On a enfin entendu parler de logement social ces derniers jours, que ce soit dans les réactions des villes aux élections fédérales du 21 octobre ou celles sur le projet de règlement pour une métropole mixte à Montréal.

Il en est aussi question quotidiennement dans les comités logement des différentes régions. Le manque de logements en location et la spéculation immobilière ont des conséquences désastreuses. Le besoin de nouveaux logements sociaux est aussi important qu’urgent partout au Québec.

Alors que des centaines de milliers de ménages locataires peinent déjà à joindre les deux bouts, la pénurie actuelle de logements locatifs accentue la flambée du prix des loyers, alimente la discrimination dans la recherche d’un logement, menace la sécurité de nombreuses femmes victimes de violence et met à risque d’éviction les locataires les plus âgés demeurant depuis longtemps à la même adresse.

Dans plusieurs villes, dont Gatineau, Québec et la région de Montréal, les campements de fortune de personnes sans-abri sont de plus en plus visibles.

Des investissements gouvernementaux additionnels sont indispensables pour offrir une solution convenable à toutes ces victimes collatérales du boom économique et immobilier.

En vue de la mise à jour économique et financière qu’il présentera jeudi prochain, le gouvernement Legault a annoncé qu’il profitera des surplus budgétaires de l’an passé, évalués à 7,91 milliards (avant toute contribution au Fonds des générations), pour accélérer la réalisation de ses promesses électorales.

Ces imposants surplus ont été réalisés, rappelons-le, par des coupes et des compressions majeures dans les dépenses de l’État, notamment dans le logement social. Le seul programme permettant la réalisation de logements publics, coopératifs et sans but lucratif, AccèsLogis, en plus d’être sous-financé depuis 10 ans, a été amputé de moitié durant deux années consécutives sous le gouvernement précédent.

En campagne électorale, François Legault a affirmé qu’« un gouvernement de la CAQ s’engage à rattraper le retard et à finir la construction des quelque 14 000 unités promises par le gouvernement libéral ».

Dans son premier budget, le ministre des Finances, Eric Girard, a prévu 260 millions pour assurer la livraison de 10 000 des 15 000 logements sociaux déjà prévus dans les budgets antérieurs, mais pas encore construits, faute de subventions gouvernementales suffisantes. Le 9 juillet dernier, la ministre de l’Habitation, Andrée Laforest, a finalement annoncé que la totalité des logements déjà programmés seront réalisés.

Nous avons salué cette nouvelle en remarquant toutefois que les sommes pour y parvenir n’ont pas été augmentées. Cette lacune doit être corrigée dans le « minibudget » du 7 novembre. Cela est nécessaire et impératif, puisque plusieurs indicateurs économiques démontrent que la pénurie de logements va s’enraciner dans plusieurs villes : il faut procéder sans plus attendre à la réalisation de tous ces logements.

Cependant, au regard de la profondeur et de l’étendue de la crise du logement, vu l’ampleur des besoins préexistants, ces quelque 14 000 logements déjà annoncés et attachés à des projets existants pour la plupart ne suffiront pas.

Le gouvernement doit lancer une nouvelle programmation d’AccèsLogis et celle-ci doit être à la hauteur du défi. D’autres le font. La Colombie-Britannique, par exemple, s’est dotée d’un plan visant la réalisation de près de 120 000 logements sociaux et abordables en 10 ans. Le Québec peut en faire autant.

Dans le contexte budgétaire actuel, il serait cynique de se contenter uniquement de ce que les gouvernements antérieurs ont déjà promis.

Le FRAPRU propose de commencer par 50 000 logements sociaux en cinq ans. Ce sérieux coup de barre rendrait effectif le droit au logement pour autant de ménages avec, en sus, tous les effets positifs connus sur la santé, la scolarisation des enfants et l’inclusion sociale.

Les fonds attendus du fédéral, ajoutés à des investissements plus ambitieux de Québec, rendent cet objectif tout à fait atteignable. Peut-on enfin aller de l’avant pour améliorer les conditions de logement au Québec ?

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