La sécurité alimentaire est partie prenante des enjeux environnementaux maintenant omniprésents dans les préoccupations citoyennes.

Avec les dérèglements climatiques, nous devons impérativement revenir à l’autosuffisance alimentaire pour assurer notre survie. Cependant, depuis son élection, l’attitude du gouvernement Legault en matière de protection du territoire agricole laisse perplexe.

À Québec, la ministre des Affaires municipales et de l’Habitation doit bientôt approuver ou refuser le Schéma d’aménagement et de développement révisé (SADR) de l’agglomération de Québec. Ce schéma est nettement inadéquat et doit être substantiellement modifié.

En effet, le SADR propose une approche de planification sans consolidation de la trame urbaine autour des infrastructures existantes ni priorisation de l’occupation de l’espace, ce qui a été vivement critiqué par des regroupements professionnels de l’immobilier (IDU, APCHQ).

De plus, il sous-estime le potentiel d’accueil du périmètre d’urbanisation existant dans le but de justifier son agrandissement avec des terres agricoles. Avec ce projet d’élargissement urbain, le gouvernement empiéterait sur 567 hectares de terres agricoles, dont les 204 hectares de l’ancienne ferme des Sœurs de la Charité, tout ça pour construire des logements, surtout unifamiliaux et bifamiliaux, en périphérie du centre-ville.

Ce schéma n’est pas du tout accepté par les citoyens qui ont largement exprimé leur opposition dans les consultations publiques. 

L’intérêt croissant des populations urbaines pour l’agriculture de proximité et les impératifs pour la sécurité alimentaire rendent nécessaire une augmentation des activités agricoles dans l’agglomération et non une diminution.

À titre d’autres exemples, à Beauharnois, le récent retrait par le gouvernement d’une demande à la Commission de protection du territoire agricole (CPTAQ) afin d’exclure 90 hectares a suscité un tollé de divers groupes comme l’Union des producteurs agricoles (UPA). 

C’est plutôt le Conseil des ministres qui décidera de l’avenir de ces excellentes terres agricoles visées par le géant Google pour établir un centre de données. La Commission de protection du territoire agricole avait constaté que la demande était insuffisamment documentée ; le nom de l’entreprise y était même tenu secret ! Ce dossier aurait dû être complété pour éclairer une analyse rigoureuse menant à une décision appuyée.

On peut déjà anticiper la décision de M. Legault à cet égard : n’a-t-il pas souvent répété que l’environnement ne doit pas nuire au développement économique ? Il est clair que le gouvernement veut alléger le processus et séduire une multinationale déjà exemptée de taxe en lui donnant les meilleures conditions possible.

Par ailleurs à Vaudreuil, le nouveau gouvernement avait d’abord renoncé à un décret du gouvernement Couillard pour la construction d’un hôpital en zone agricole. Ce décret allait à l’encontre de la Commission de protection du territoire agricole et du Plan métropolitain d’aménagement et de développement (PMAD) de la Communauté métropolitaine de Montréal (CMM).

Mais le gouvernement est ensuite revenu au site initial, sacrifiant 25 hectares de très bonnes terres alors que plusieurs sites alternatifs existaient en dehors de la zone agricole. Pour compenser, il s’est engagé à consacrer une partie de la superficie à une « vocation maraîchère santé » pour notamment approvisionner l’hôpital et la municipalité. De plus, le gouvernement a annoncé la remise en culture de terres en friches dans un secteur avoisinant. Mais toutes ces belles promesses ont été mises de côté depuis.

Ces exemples démontrent que le gouvernement ne semble pas conséquent avec ses promesses de lutter contre les changements climatiques.

Avec l’épuisement des ressources, l’augmentation des gaz à effet de serre et la multiplication des catastrophes naturelles, il nous faudra impérativement devenir de plus en plus autosuffisants pour notre alimentation.

Pour le Schéma d’aménagement et de développement révisé de Québec, le gouvernement jouera-t-il les Ponce Pilate pour gagner du temps, en « pelletant le problème en avant », soit dans la cour de la Commission de protection du territoire agricole ?

Le temps n’est plus à la procrastination et aux messages ambigus. L’inquiétude s’accroît. Le gouvernement Legault doit avoir le courage de faire des gestes conséquents à l’égard du garde-manger des Québécois.

Le premier ministre dit avoir entendu la jeunesse lors de la marche du 27 septembre. Il doit maintenant la rassurer quant à sa sécurité alimentaire pour l’avenir.

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