J’étais fort étonnée des résultats du coup de sonde de La Presse+ quant aux enjeux déterminants aux yeux du lectorat. J’en déduis que quand on est vieux et malchanceux à la loterie de la vie, on ne pèse pas lourd sur le plan électoral.

Je n’arrive pas à comprendre pourquoi le Parti libéral du Canada n’a pas jugé important d’expliquer aux Canadiens quel ordre de priorité un gouvernement libéral fixerait quant aux suites à donner à court et à moyen terme à la toute première Stratégie nationale sur la démence. Rendue publique en juin 2019, elle se donne trois principaux objectifs : prévenir la démence, faire progresser le traitement, améliorer la qualité de vie des personnes atteintes et des proches aidants. Quel parti en a parlé ? Aucun. Rien à ce sujet dans le cadre des débats. Et alors ? me direz-vous. Avant tout, il y a l’urgence climatique, « l’urgence identitaire ». Et l’urgence gériatrique, n’est-elle pas une vraie urgence ?

À quelle qualité de vie peuvent réellement aspirer les gens atteints de troubles cognitifs et leurs proches ? Question existentielle fort pertinente, mais pas de quoi grimper sur un pont.

N’y aurait-il pas lieu, sous forme d’un consensus fédéral-provincial, d’instaurer des normes nationales de base quant à la prise en charge des gens atteints, de reconnaître l’important rôle que peuvent jouer les centres de jour avec des intervenants spécialisés dans le maintien à domicile, d’accorder des crédits d’impôt plus importants afin de rendre plus sécuritaire ce lieu, d’augmenter les transferts de péréquation aux provinces qui s’engageront plus à fond en soutien à domicile, en matière d’activités stimulantes dans des résidences intermédiaires et des centres d’hébergement de longue durée ? Ne faut-il pas encourager plus de centres urbains à devenir de réelles villes amies des aînés ?

La question qui tue

Et la question qui tue : doit-on élargir les critères d’admissibilité à l’aide médicale à mourir aux personnes atteintes de troubles neurocognitifs majeurs ?

Les résidants bénéficiant de soins de longue durée sont à risque d’être surmédicamentés. Un fait qui devrait hautement nous préoccuper à l’échelle nationale.

Des programmes de déprescription, notamment d’antipsychotiques, sont mis en œuvre, certes, mais leur succès ne peut être assuré ni efficace sans un plein effectif dûment formé, rompu aux stratégies non pharmacologiques dont l’offre demeure, dans le secteur public, plutôt maigre.

N’est-il pas urgent de reconnaître sur le plan national que la qualité de vie des résidants en centres de soins de longue durée dépend aussi d’un programme d’activités savamment conçu, d’un partage de connaissances en la matière, de projets pilotes créatifs, soumis à des évaluations rigoureuses, comme c’est abondamment le cas en Europe ?

Compte tenu du nombre croissant de Canadiens atteints de troubles cognitifs majeurs, qui méritent un meilleur suivi et une meilleure qualité de vie, rien ne peut justifier le manque de loquacité de nos partis politiques au fédéral quant à l’urgence de prioriser, d’agir, d’investir.

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