Il y a deux ans, l’industrie aérospatiale québécoise était en pleine crise. En menaçant d’imposer des tarifs aux avions C Series destinés aux clients américains, le gouvernement des États-Unis avait créé de sérieux doutes sur la viabilité du programme d’avion le plus innovant jamais développé au Québec. Et aux yeux de certains chroniqueurs, le partenariat annoncé entre Bombardier et Airbus, perçu comme un geste désespéré, ne présageait rien de bon pour le géant québécois et sa chaîne d’approvisionnement. Certains allaient même jusqu’à soutenir que l’entièreté de la production allait bientôt être transférée en Alabama.

Aujourd’hui, les sceptiques ont été confondus. Non seulement le C Series, rebaptisé A220, est bien vivant, mais il ne cesse de récolter de nouvelles commandes. Après les 95 avions commandés en juin au salon aéronautique du Bourget, Air France s’est ajoutée à la liste des clients de marque de l’A220 avec une autre entente visant 60 appareils. La vaste majorité de ces nouvelles commandes seront construites à Mirabel, où la production s’accélère, entraînant avec elle une croissance de l’emploi. Les effectifs y sont passés de 2000 travailleurs au moment de l’entente entre Bombardier et Airbus, à plus de 2700 aujourd’hui et, avec les nouveaux investissements annoncés par le gouvernement fédéral et Aéroports de Montréal (ADM), on peut affirmer que ce pôle a le vent dans les voiles.

En parallèle, Aéro Montréal s’activait du côté de l’Alabama, multipliant les contacts avec les entreprises américaines gravitant dans le sillage de la nouvelle usine d’Airbus à Mobile. Des échanges, des visites et des rencontres bilatérales ont permis la signature, la semaine dernière, d’une entente de collaboration entre Aéro Montréal et la Mobile Area Chamber of Commerce. Ce partenariat vise à développer des occasions de part et d’autre et des maillages entre les différentes PME qui agissent comme fournisseurs et entreprises partenaires d’Airbus. Des échanges pour les étudiants universitaires et collégiaux seront aussi encouragés entre les deux régions. L’Alabama et le Québec peuvent profiter mutuellement du déploiement d’Airbus en Amérique du Nord.

Après avoir attiré Airbus dans l’écosystème québécois, Bombardier a refait le coup au cours de l’été avec la vente de son programme CRJ à Mitsubishi, une autre entreprise multinationale prête à investir dans le savoir-faire québécois.

Et jeudi dernier, grâce à la mobilisation de plusieurs acteurs, dont le gouvernement québécois, Mitsubishi Aircraft Corporation a décidé d’implanter son nouveau centre d’ingénierie – SpaceJet Montreal Center – au Canada, dans la région de Montréal, et s’engage désormais à créer 250 emplois de qualité pour sa nouvelle gamme d’avions régionaux SpaceJet, avions qui devraient entrer en service en 2020. Ceux-ci s’ajoutent aux emplois liés au programme CRJ qui seront transférés chez le constructeur japonais. De plus, les possibilités de développer des affaires avec Mitsubishi sont alléchantes pour les fournisseurs québécois, qui jouiront désormais d’une autre bien belle vitrine pour démontrer leur extraordinaire potentiel.

Avec Airbus et Mitsubishi Aircraft Corporation, deux investisseurs étrangers de grande qualité, la grappe québécoise grandit, se diversifie et se renforce. Elle acquiert ainsi un cinquième et sixième grand donneur d’ordres qui viennent s’ajouter aux Bombardier, Pratt et Whitney, CAE et Bell.

Consolidation et changements

L’industrie aérospatiale traverse présentement une période de consolidation et de changements qui se poursuivra au cours des prochaines années. Cette consolidation est de nature à créer des opportunités pour la région de Montréal et le Québec. L’implantation d'Airbus et de Mitsubishi Aircraft Corporation dans le Grand Montréal démontre clairement la force de notre écosystème et prouve qu’avec notre main-d’œuvre qualifiée et diversifiée, nous pouvons accroître notre leadership au sein de cette industrie en plein essor.

En orchestrant une sortie ordonnée de l’aviation commerciale, Bombardier a conclu des partenariats d’affaires judicieux, favorables aux travailleurs de notre industrie et à notre économie.

L’annonce récente de la création de 1000 stages rémunérés chez Bombardier et l’excitation entourant l’entrée en service imminente de deux nouveaux avions d’affaires dernier cri – le Global 5500 et le Global 6500 – témoignent des progrès réalisés par Bombardier dans cette période de transformation.

Ainsi, c’est bien le début d’un renouveau pour l’industrie aérospatiale québécoise. En une année seulement, nous avons attiré deux acteurs de classe mondiale au sein de notre grappe, qui était déjà l’une des plus dynamiques. Avec l’arrivée d’Airbus et de Mitsubishi Aircraft Corporation, et le nouvel élan de Bombardier, de multiples possibilités de croissance sont apparues et ce sont tous les acteurs de notre chaîne d’approvisionnement qui en profiteront. Il nous appartient maintenant de concrétiser ce potentiel pour raffermir notre statut de troisième ville aérospatiale du monde.

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