Il y a trois ans, nous signions dans ces pages un texte décrivant l’ampleur de la mortalité par arme à feu aux États-Unis.

Les données les plus récentes portaient alors sur l’année 2014 et établissaient le nombre de morts à 33 000. Trois ans plus tard, le décompte atteint pour 2017, dernière année disponible, un nouveau sommet de 40 000 morts.

Le bilan précédent établissait que le nombre de morts par arme à feu évoluait, d’une année à l’autre, au même rythme que les effectifs de la population américaine, de sorte que le taux de mortalité demeurait stable dans le temps. Ce n’est plus le cas : de 2014 à 2017, le taux a augmenté de 11 %.

L’analyse des données montre que 60 % des morts par arme à feu se rapportent à des suicides et 37 % à des homicides. Étonnamment, les tueries, ces événements dont on entend parler régulièrement, comptent pour moins de 1 % de tous les homicides par arme à feu.

Les statistiques les plus récentes illustrent que deux sous-groupes de la population sont les plus touchés : les hommes noirs de 15 à 54 ans, principalement par homicide, et les hommes blancs de 75 ans et plus, essentiellement par suicide.

Depuis 20 ans, la National Rifle Association exerce des pressions pour empêcher les Centers for Disease Control and Prevention d’obtenir les fonds suffisants pour réaliser des recherches approfondies permettant de mieux établir les meilleures interventions pour réduire ce fléau, notamment celles qui passent par le contrôle des armes à feu.

De nombreux organismes, dont plusieurs associations de professionnels de la santé, s’invitent maintenant dans le débat. Ces organismes soulignent d’ailleurs que les stratégies à utiliser dans la prévention des blessures et des morts par arme à feu peuvent s’inspirer, par exemple, de celles qui ont permis de réduire les effets néfastes de la consommation de tabac ou des accidents de la route.

Une chose est certaine : ces stratégies ne peuvent se limiter à interdire l’accès aux armes automatiques, puisque la très grande majorité des morts par arme à feu implique des armes de poing. Ces stratégies doivent donc couvrir un large spectre en passant par l’admissibilité à un permis, l’entreposage des armes, la santé mentale et la recherche.

* L’auteur a travaillé pendant plus de 30 ans dans le domaine de la santé des populations, notamment à l’Institut national de santé publique du Québec et à la Direction de santé publique de Montréal.

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