Malgré les avancées réalisées quant aux droits des femmes, une discrimination systémique perdure à leur endroit dans le secteur public québécois. Encore aujourd’hui, elles ont moins d’argent dans leurs poches que leurs collègues masculins.

En raison des mesures d’austérité instaurées au Québec depuis plus de 15 ans, le pouvoir d’achat des employés de l’administration québécoise accuse un recul d’environ 1,2 % depuis l’an 2000, selon l’Institut de recherche et d’informations socio-économiques (IRIS).

Or, la proportion de femmes (72 %) au sein de l’administration québécoise y est grandement supérieure par rapport aux autres secteurs (entreprises publiques, universités, municipalités et entreprises de 200 employés et plus). Au cours de la même période, le pouvoir d’achat des salariés des autres secteurs a grimpé de 11 % en moyenne.

Toujours selon l’IRIS, l’écart de rémunération entre l’administration québécoise et les entreprises publiques est de 24 % en moyenne. L’employeur est pourtant le même, soit le Secrétariat du Conseil du trésor (SCT). Les employés des entreprises publiques sont toutefois majoritairement des hommes, contrairement à ceux de l’administration québécoise. Cet écart est inacceptable !

Les employés de l’administration québécoise, en grande majorité des femmes, subissent de la discrimination systémique fondée sur le sexe, conclut l’IRIS. L’Institut propose notamment de modifier la Loi sur l’équité salariale en permettant la mise sur pied de programmes d’équité salariale entre différents secteurs de l’économie québécoise.

Le Syndicat de professionnelles et professionnels du gouvernement du Québec a réalisé une analyse complémentaire à celle de l’IRIS.

Le syndicat a constaté qu’il existe également une discrimination salariale systémique au sein des entreprises publiques.

En 2017, pour plusieurs catégories d’emplois de professionnels, les organisations à majorité masculine sont plus nombreuses à offrir des salaires élevés que les organisations à majorité féminine. Les écarts peuvent être importants entre les organisations. 

À titre d’exemple, chez Hydro-Québec, où la plupart des employés sont des hommes, les salaires sont supérieurs de 12 000 $ à ceux offerts dans des organisations à majorité féminine comme le Musée de la civilisation, Bibliothèque et Archives nationales du Québec, le Musée national des beaux-arts du Québec, la Commission des droits de la personne et des droits de la jeunesse, et Revenu Québec.

Les différences salariales des catégories d’emplois des professionnels entre les organisations reposent peut-être sur les exigences des emplois. Cependant, les emplois analysés étaient variés, plusieurs postes étaient similaires d’une organisation à l’autre, et ils nécessitaient généralement une formation universitaire.

Les écarts portent donc probablement sur d’autres facteurs tels que les priorités gouvernementales, les facteurs historiques, la capacité de négociation des organisations, etc.

Or, si les différences salariales des emplois des professionnels entre les organisations ne reposent pas sur les exigences des emplois, cela confirme l’existence d’une discrimination salariale systémique fondée sur le sexe au sein des entreprises publiques. 

Encore une fois, les femmes en sortent grandes perdantes.

Cette discrimination n’apparaît pas au sein de chaque entreprise publique entre les hommes et les femmes, mais plutôt entre les catégories d’emplois des professionnels des différentes entreprises publiques. Un ajustement à la Loi sur l’équité salariale serait donc nécessaire afin de pouvoir comparer les salaires d’emplois équivalents entre les entreprises publiques.

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