À l’instar du premier ministre François Legault, qui l’a exprimé à l’occasion de la conférence annuelle des premiers ministres, la Fédération des chambres de commerce du Québec (FCCQ) croit que la politique d’immigration du Québec a besoin d’un coup de barre économique. Le nombre de travailleurs qualifiés admis est en baisse constante depuis 2012 alors que les besoins du marché du travail sont en croissance constante.

Cependant, les niveaux mis de l’avant dans le cadre des consultations sur la planification de l’immigration au Québec pour la période 2020-2022 sont si faibles qu’ils contribueraient à accroître significativement le nombre de pénuries régionales de main-d’œuvre.

Il est plus que nécessaire de baser les décisions en matière d’immigration sur les faits et l’analyse, alors qu’apparaissent, dans les médias, des opinions assez tranchées sur le sujet. Qu’il s’agisse du nombre d’immigrants que le Québec compte accueillir au cours d’une année donnée ou qu’il s’agisse des profils socioprofessionnels privilégiés, les décisions relèvent actuellement davantage du « pifomètre » que d’une analyse rigoureuse de nos besoins de main-d’œuvre. Par exemple, en 2017, dans le cadre d’une étude sur les impacts du vieillissement de la population, l’Institut du Québec évaluait à 60 000 le solde migratoire optimal pour le Québec. Ce chiffre devrait servir d’assise aux réflexions.

L’objectif établi par le gouvernement en matière de nombre d’immigrants doit correspondre au point d’équilibre entre les besoins du marché du travail et la capacité d’accueil du Québec.

Nous proposons que soit mis à la disposition des décideurs un tableau de bord, constitué d’indicateurs économiques et sociaux, déterminés par les partenaires du marché du travail. Ainsi, nous pourrons suivre, d’année en année, le résultat du nouveau système et des efforts importants déployés par le gouvernement pour améliorer l’intégration des immigrants.

La mise en œuvre prochaine du nouveau Portail Employeurs concrétise le virage vers un système d’immigration axé vers la demande de main-d’œuvre des entreprises. Pour que cet outil donne son plein rendement, les démarches à suivre devront être connues des entreprises et suffisamment souples pour s’ajuster aux réalités locales des marchés du travail. À cet effet, une campagne de promotion et un accompagnement des entreprises apparaissent indispensables.

Toujours au centre de notre processus d’immigration, la grille de sélection des travailleurs qualifiés doit être modifiée rapidement. Malgré le système Arrima, la grille actuelle perpétuerait un déséquilibre entre les profils d’immigrants acceptés et les besoins du marché du travail.

Actuellement, près de 55 % des immigrants sont surqualifiés pour l’emploi qu’ils occupent. Nul besoin de plus d’explications pour comprendre les enjeux de rétention que nous connaissons historiquement.

Pour pallier cette problématique, nous pouvons certes créer davantage d’emplois plus innovants et nécessitant plus d’études, mais nous pouvons également et simultanément revoir les profils d’immigrants sélectionnés qui viennent combler les emplois nécessitant moins d’études. Nous pouvons et nous devons travailler ces deux solutions à la fois.

Les orientations du gouvernement quant à l’immigration vont dans le bon sens, mais certains aspects doivent être revus, notamment le rythme du redressement du nombre de travailleurs qualifiés admis. Il est plus que temps d’agir et il faut impérativement accélérer le rythme.

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