Aujourd’hui, j’ai le cœur gros. Je dois parler à ma grande de 11 ans, qui s’en va au secondaire en septembre. Depuis des mois, nous nous préparons à vivre cette transition.

Je dis « nous », car sa mère, elle et moi avons visité sa nouvelle école, assisté à des rencontres préparatoires, l’avons guidée dans son choix de programme d’études (elle a finalement décidé d’aller au programme régulier), etc. 

J’ai le cœur gros, car aujourd’hui, alors que les commissions scolaires s’apprêtent à fermer leurs portes pour le congé estival, on vient de m’apprendre que ma fille ne pourra pas fréquenter l’école secondaire du quartier. Celle de son choix. Celle à laquelle elle a été admise. Celle qu’elle a visitée. Celle où vont toutes ses amies. Celle pour laquelle nous avons déjà acheté ses uniformes. La raison invoquée ? Il y a eu trop d’inscriptions cette année et elle n’a pas de fratrie (pour l’instant) fréquentant l’école. Quelle mauvaise planification !

Pourtant, depuis des semaines, différents intervenants du milieu scolaire s’évertuent à faire en sorte que ce passage du primaire au secondaire soit le plus harmonieux possible, sachant qu’il constitue un moment clé dans la vie de nos adolescents et de leur famille. Ils savent que les nombreux bouleversements (autant hormonaux que sociaux) peuvent influer sur leur réussite scolaire.

Mon cœur de papa est triste, parce que je sais que ma fille sera très anxieuse à l’idée de devoir changer d’école à la dernière minute.

Je me sens complètement impuissant face à une commission scolaire qui a tous les pouvoirs. Je suis aussi très en colère : alors que l’on nous réitère depuis des mois qu’il est important de bien accompagner nos adolescents dans cette transition, la direction de l’école polyvalente nous annonce, sans autre forme de procès, que notre fille sera transférée. Ai-je des questions ? Oui, bien sûr ! À qui dois-je les poser ? « Ha ! Ce n’est plus de notre ressort, mon bon monsieur. Passez un bel été ! »

Traitement de faveur

À ma tristesse et ma colère s’ajoute un extrême sentiment d’injustice. Il se trouve que ma fille a décidé d’opter pour le cheminement dit « régulier ». Or, il appert que si elle avait choisi un programme « spécialisé », comme le proposent plusieurs établissements secondaires publics, elle aurait évité le transfert. Est-ce à dire que la commission scolaire des Grandes-Seigneuries favorise les élèves qui choisissent les programmes spécialisés au détriment des élèves qui optent pour le cheminement régulier ?

Avoir su préalablement que ces élèves bénéficiaient d’un traitement de faveur, le choix de ma fille aurait fort probablement été différent.

Combien d’élèves qui choisissent le parcours régulier sont ainsi transférés d’école à la dernière minute lorsqu’il y a surpopulation ? Combien de parents devront gérer le stress de leurs adolescents cet été, sous le regard indifférent des directeurs d’école et des commissaires scolaires ? La commission scolaire aurait-elle pu, minimalement, avoir la décence de ne pas attendre la veille du congé estival pour nous annoncer aussi froidement cette décision sans appel ? Pour l’empathie, on repassera.

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