Lettre aux travailleurs syndiqués de l'Aluminerie de Bécancour

Je me permets aujourd’hui, et ce, bien humblement, de commenter une situation qui me préoccupe au plus haut point, soit le conflit actuel à l’aluminerie ABI à Bécancour. Je prends donc la plume avec mon regard d’ancien homme politique, mais surtout avec celui d’ancien PDG du Fonds de solidarité de la FTQ. 

Je me dois de souligner que je ne suis pas là pour faire la leçon à qui que ce soit et surtout pas au syndicat, bien au contraire. Tout au long de notre histoire, les syndicats ont été des acteurs importants de changements et d’apports économiques positifs. Je peux en témoigner personnellement par toutes les actions incroyables du Fonds de solidarité de la FTQ. 

Les travailleurs d’ABI ont tenté honorablement de conserver leurs acquis et de protéger des emplois. Après 17 mois de conflit qui ont privé la région de plus de 700 millions de dollars de retombées économiques directes, après 17 mois d’incertitude, d’angoisse dans les familles, de division dans notre communauté, après 17 mois de négociations infructueuses, une possibilité de règlement point à l’horizon. Ce scénario doit être considéré avec la plus grande des attentions. 

À cette étape et après un aussi long combat, quand un dénouement est possible, il mérite d’être regardé honorablement.

Une usine comme ABI est le poumon économique d’une région. 

Un secteur menacé

Actuellement, il y a encore plusieurs menaces qui planent au-dessus de la tête du secteur de l’aluminium canadien. Pensons ici à la surcapacité mondiale de production, le redémarrage d’installations aux États-Unis et la substitution par d’autres matériaux, pour ne nommer que celles-là. La réalité est que malgré la levée des tarifs pour le Canada, les prix de l’aluminium se maintiennent à des niveaux historiquement bas et continuent leur descente. 

Les cadres d’ABI qui opèrent actuellement les cuves restantes sont sûrement fatigués, voire épuisés dans ce long conflit. Il ne faut pas laisser l’usine d’ABI cesser sa production d’aluminium ; cette option serait catastrophique pour la région de la Mauricie et pour l’industrie de l’aluminium au Québec.

Nous pouvons être fiers de cette expertise mondialement reconnue et il est de notre devoir de veiller à la protéger pour le futur. L’intérêt de tout le Québec passe par la continuité des opérations d’ABI. 

Il est temps de tendre la main et de panser les plaies. Il faut savoir saisir les occasions quand elles se présentent et lorsque l’histoire s’écrit. Il y a rarement des solutions parfaites. Les compromis honorables font partie de la condition humaine et honorent ceux qui les acceptent pour prendre en compte l’intérêt collectif de toute une société. Je souhaite un dénouement positif afin d’éviter que Bécancour ne voie cette importante industrie se mettre en veille pour une longue période, voire qu’elle disparaisse. 

Je voulais prendre le temps de partager cette réflexion avec les travailleurs syndiqués d’ABI. L’avenir de votre usine et la prospérité de votre région en dépendent.

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