Une fois par mois, un camelot de L’Itinéraire se joint à Débats pour se raconter, critiquer, s’insurger. Aujourd’hui, le parcours de Sylvie Houle, qui trouve réconfort dans son travail pour L’Itinéraire alors qu’elle doit lutter quotidiennement pour soulager ses douleurs articulaires chroniques.

Sylvie sait très bien que les apparences peuvent être trompeuses. Cette lumineuse jeune femme respire la santé et dégage la joie de vivre.

Or, elle livre un combat de tous les jours pour supporter tant bien que mal les douleurs permanentes que lui inflige une maladie rare. « J’ai l’air d’être en vacances, mais en dedans, c’est pas l’fun », dit-elle.

2013 : Sylvie se blesse au travail. Convalescence, rechutes.

2015 : Elle est déclarée inapte au travail. Affrontements avec l’aide sociale et les assurances. Accident de travail ou pas ? On se lance la balle. Elle n’a plus rien.

2018 : Le diagnostic tombe.

Sylvie est atteinte du syndrome d’Ehlers-Danlos, une maladie génétique qui, dans la variante qui l’affecte, touche une personne sur 10 000 et empêche la production de collagène dans les ligaments.

Cela lui impose d’importantes restrictions dans les activités physiques et lui cause des douleurs articulaires chroniques qu’aucun médicament n’arrive à soulager.

Physio, ostéo, chiro, acupuncteur ; certains lui apportent du soulagement, mais leurs soins coûtent cher. Ses parents lui proposent de revenir habiter chez eux. « J’avais perdu ma job, ma santé et mon petit coussin d’argent. Sans mes parents, j’aurais pu connaître le banc de parc moi aussi. »

Pour compenser la faiblesse de ses ligaments, Sylvie doit renforcer ses muscles. Elle se rend donc au gym cinq jours par semaine à raison d’une heure et demie par jour sous la supervision d’une kinésithérapeute. Et quand les inévitables blessures surviennent, les rendez-vous avec les spécialistes s’enchaînent.

Pour garder le moral, Sylvie fait la comptabilité des maux qui disparaissent grâce à ses efforts constants.

Il y en a qui reviennent parce qu’elle reste fragile, mais elle garde le courage et à force de s’entraîner, elle réussit à s’affranchir de certaines douleurs, elle qui marchait à peine il y a deux ans.

Inspirée par Alain, camelot à l’épicerie Métro Saint-Joseph, Sylvie y vend L’Itinéraire les fins de semaine.

« Pour moi, la vie, c’est travailler et ce travail donne un sens à ma vie. Quand j’avais un emploi, j’achetais L’Itinéraire. Maintenant, c’est moi qui le vends. »

Sylvie se nourrit du positif et vit au présent. Cela ne l’empêche pas de rêver de reprendre un jour ses cours en traitement des pieds. « J’aime écouter les personnes âgées et partager avec elles. En leur donnant des soins, je réaliserais le projet que j’ai dû mettre de côté. »

Voir du monde, faire un peu de sous, être capable de payer ses traitements, retrouver un sentiment d’appartenance et un réseau d’entraide ; Sylvie est reconnaissante de ce que lui offre L’Itinéraire. « Ça me fait du bien d’être ici et je me souhaite d’y rester bien des années. »

* Propos recueillis par Christine Barbeau, bénévole à l’aide à la rédaction des camelots à L’Itinéraire

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