Alors que le Canada s’apprête à souligner le patrimoine, la diversité culturelle et les réalisations remarquables des Premières Nations, des Inuits et des Métis, ces nations se posent encore bien des questions quant à la capacité de livraison des promesses qui leur ont été faites.

Une approche positive qui fait face à des inquiétudes

Tant du côté des entreprises, des gouvernements des provinces, du Sénat que des citoyens eux-mêmes, on remet en question certaines propositions du gouvernement fédéral. Le projet de loi C-69 sur la réforme du processus d’évaluation environnementale qui a été proposé par les libéraux de Justin Trudeau fait face à une opposition importante. Pourtant, en réclamant des entreprises qu’elles consultent de manière adéquate les autochtones, ce projet de loi souhaite appuyer un développement plus harmonieux qui considérerait les connaissances ancestrales des autochtones et leur capacité à participer à une gestion durable de leur territoire.

Sommes-nous prêts à les entendre ?

Les rapports de la Commission de vérité et réconciliation et de l’Enquête nationale sur les femmes et les filles autochtones disparues et assassinées ont fait état de certains des aspects les plus sombres de notre histoire. Après cette atteinte dévoilée à l’égard de la culture et des traditions autochtones, pourrions-nous maintenant les ignorer aussi sur les questions de développement économique de leurs territoires  ?

Plusieurs des organisations qui s’inquiètent du projet de loi déplorent un manque d’encadrement et un flou qui entourent, selon eux, les aspects consultatifs du projet.

Elles disent aussi s’inquiéter de « l’expertise autochtone » des personnes qui y seraient entendues. Pourtant, dans toute recherche d’acceptabilité sociale, on entend et reconnaît, en principe, la parole des citoyens concernés.

Il nous faut admettre qu’initialement, ce sont les autochtones qui ont dû composer avec les incertitudes liées aux impacts des projets effectués sur leurs territoires ancestraux. Le changement de paradigme proposé est effectivement majeur, et certainement bienvenu de l’avis de plusieurs autochtones. Le projet de loi offre un moyen de faire reconnaître leur capacité à définir et à participer aux projets, sans avoir systématiquement à recourir aux tribunaux pour y parvenir, ce qui n’est à l’avantage de personne.

Rôle actuel du gouvernement

À ce jour, le gouvernement canadien se devait de consulter et de trouver des accommodements. Cette approche a souvent engendré des frustrations chez les autochtones qui voyaient les entreprises s’en remettre aux instances gouvernementales pour régler les litiges.

En présentant C-69, le gouvernement fédéral veut encourager le dialogue entre les entreprises et les autochtones lors de la planification des projets.

Depuis longtemps, les communautés revendiquent des projets inclusifs reconnaissant l’importance de développer, mais aussi de préserver l’environnement pour assurer la pérennité des habitats naturels.

C-69 est perfectible, mais représente un pas de plus pour les autochtones du Canada

Ce projet de loi prescrit la consultation des autochtones par les entreprises, pour une meilleure collaboration-cohabitation et pour promouvoir des partenariats économiques dans la mesure du possible. Pour sa part, l’Assemblée des Premières Nations Québec-Labrador (APNQL) a émis des réserves sur le projet, considérant que le projet de loi ne permet pas la protection des droits autochtones, et donc la réconciliation, tout en admettant que celui-ci offre une plus grande participation des autochtones dans le cadre des processus environnementaux et réglementaires.

En période préélectorale, le gouvernement libéral est aux prises avec un dilemme. La question est d’aller ou non de l’avant avec un projet de loi qui, dans sa forme actuelle, ne reçoit pas l’appui de plusieurs entreprises et de toutes les instances autochtones, ou encore reporter une fois de plus un projet attendu. Il semble que la première option soit plutôt envisagée.

En cette fin de mandat amical à l’égard des autochtones, la présentation de solutions concrètes est souhaitable.

Il faut définir un modèle de développement plus inclusif à l’égard des autochtones, et viser à plus long terme une réconciliation qui ne serait pas seulement culturelle, mais aussi économique.

Souhaitons donc en cette Journée nationale des peuples autochtones en arriver à des solutions pour développer le territoire à l’image de tous ceux qui le façonnent.

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