Depuis quelques semaines, le coût des nouveaux médicaments et la pression qu’il exerce sur le ministère de la Santé et des Services sociaux ainsi que sur les établissements de santé sont largement couverts par les médias.

L’ajout de nouveaux médicaments à la fine pointe de la recherche sur la liste des médicaments couverts par le régime public d’assurance médicaments (RAMQ) vient gonfler la facture, notamment ceux qui traitent des maladies rares ou utilisés en oncologie. Certains médicaments font les manchettes, car si ce sont des innovations formidables pour les patients, leur coût important pose cependant un défi de taille en matière d’accessibilité. C’est pourquoi il est impératif d’agir et de dégager le financement qui permettra de maintenir un système de santé durable, capable d’offrir de nouveaux traitements innovants. L’arrivée des médicaments biosimilaires pourrait être la solution.

Les médicaments biologiques, c’est-à-dire les médicaments produits à partir d’organismes vivants ou de leurs cellules, sont très efficaces pour traiter des conditions médicales telles que les maladies auto-immunes (polyarthrite rhumatoïde, maladie intestinale inflammatoire, psoriasis, etc.), le diabète et certaines formes de cancer. Bien que ces médicaments représentent moins de 2 % du volume des ordonnances au Québec, ils correspondent à près de 30 % des coûts de prescriptions pour la RAMQ et les centres hospitaliers, soit plus de 850 millions de dollars par année.

Or, à l’échéance d’un brevet de ces médicaments, des fabricants peuvent mettre en marché un médicament biosimilaire. Selon Santé Canada, « un médicament biosimilaire est un médicament dont on a démontré le caractère très semblable à un médicament biologique déjà autorisé pour la vente. Les médicaments biosimilaires sont approuvés en fonction d’une comparaison approfondie avec un médicament de référence ». Les biosimilaires sont également des médicaments biologiques et leur similarité à un médicament de référence en matière d’efficacité et d’innocuité a été démontrée. Cependant, ils sont offerts à un coût substantiellement plus bas.

Et pourtant, l’utilisation des biosimilaires est encore très marginale au Québec. Ils représentent 3 % du nombre d’ordonnances admissibles, alors qu’en Europe, l’utilisation y est très répandue, jusqu’à 80 % dans certains pays. Pour favoriser l’usage des biosimilaires, le gouvernement du Québec a instauré des critères de remboursement pour les nouveaux patients nécessitant un produit biologique dont une version biosimilaire est disponible. Pour ces derniers seulement, la version biosimilaire sera favorisée et remboursée, à moins d’une exception justifiée demandée par le médecin prescripteur. À l’évidence, cette mesure n’est pas suffisante pour générer les économies substantielles promises par les biosimilaires au profit des fonds publics.

Le gouvernement du Québec pourrait économiser plus de 150 millions de dollars par année en favorisant une transition harmonieuse vers les options biosimilaires pour les patients utilisant déjà un médicament de référence.

D’ailleurs, la ministre de la Santé et des Services sociaux avait évoqué, lors d’une entrevue médiatique le 4 février dernier, que les biosimilaires représentaient une occasion d’épargner de l’argent pour mieux financer l’arrivée de traitements innovants.

Il est urgent que le Québec mette en place une politique qui soutient une transition sûre et efficace des patients actuellement traités par un médicament biologique vers le médicament biosimilaire approprié, déjà remboursé par la RAMQ. La Colombie-Britannique vient de montrer l’exemple en mettant en place la Biosimilars Initiative. Le Québec aurait tout intérêt à lui emboîter le pas et s’inspirer des expériences des pays européens pour rassurer les patients et les acteurs du système de santé et générer ainsi les économies nécessaires pour soutenir les médicaments innovateurs.

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