En réaction à la chronique de Francis Vailles, « Régionaliser l’immigration, mission impossible ? », publiée le 5 juin

Je suis nord-côtier, du village de Longue-Pointe-de-Mingan, à 1000 km de Montréal. Il y a eu et il y aura encore quelques soubresauts face au sentiment d’envahissement d’une région ou d’une autre par l’immigration. Mais combien de régions actuellement crient haut et fort leur besoin de main-d’œuvre en 2019 ? Tous les niveaux d’expertises sont requis sur la Côte-Nord et ailleurs au Québec.

Chez nous, l’usine de transformation locale de poissons nécessite plus d’une dizaine de personnes latines depuis déjà plus de cinq ans. Le Centre de santé de Havre-Saint-Pierre est en manque de personnel, du médecin au préposé aux bénéficiaires.

Le milieu a été fragilisé par le projet de barrage sur la rivière Romaine en drainant toutes les meilleures ressources du milieu des services, tous types confondus. L’attrait de meilleurs salaires est la principale raison. Le fameux fly-in fly-out est peut-être intéressant pour les salaires mais désastreux pour le tissu familial et le développement et le maintien du tissu social.

Donc, tout le secteur des services souffre d’un manque de ressources. Cela va du garagiste au cuisinier, en passant par le personnel de restauration, l’hôte pour auberge, le batelier, l’employé de manutention… Eh oui ! je sais, c’est beaucoup de postes saisonniers.

Les politiques gouvernementales mises de l’avant depuis nombre de décennies pour encourager la densification des grands centres créent des villes insulaires et se dirigent vers des déserts régionaux où les paysages resteront magnifiques, mais vides de tissu social permettant d’élever nos enfants.

Bref, poursuivre sur cette lancée exige un peu plus de références statistiques de ma part et un temps d’arrêt pour mieux y réfléchir afin d’isoler les meilleures idées porteuses de réflexion.

Je m’en retourne faire du bénévolat à ma coopérative agricole locale afin de chercher de nouvelles pistes de solution dans le but de trouver des sources de financement pour tenter de compléter notre besoin de combler un écart de 400 000 $ afin de réaliser un projet de 1,3 million pour son développement. Ce montant manquant est surtout pour mettre en place les chaînes du froid, de manutention, de réfrigération et de congélation, ainsi que la mise à niveau normative des opérations. Les fonds du Plan Nord sont sollicités de toutes parts ; lorsqu’un « gros » projet offrant de bonnes « jobs » arrive sur la table, les miettes sont difficiles à regrouper pour les « p’tites jobs » qui sont essentielles au maintien du niveau social des petites localités.

Comme vous voyez, le besoin du présent me sort de ma situation de retraité pour de 500 à 1000 heures de bénévolat annuellement. Je fais partie des rares personnes qui osent encore croire à mieux.

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