Ce texte inspiré du drame de Granby nous a été acheminé par l’homme d’affaires Jean-Pierre Léger.
Bonjour !
C’est moi la petite fille de 7 ans qui ai fait les manchettes dernièrement suite à mon décès.
Oui, vous m’avez assassinée (la société) avec, malheureusement, vos lois désuètes sur la protection de l’enfance.
Je pense ici à l’article 4 de la loi, qui nous dit qu’en matière de protection de l’enfance, toute décision doit tendre à maintenir l’enfant dans son milieu familial.
Alors j’ai dû partir et me séparer de mes grands-parents qui m’avaient gardée depuis que j’étais toute petite (cette séparation m’a bouleversée et fait une immense peine) et j’ai dû aller vivre avec ce père biologique et une belle-mère, ce qui a eu pour conséquence de me faire perdre la vie.
Mes parents étaient inaptes à s’occuper de moi et à m’élever avec tout l’amour dont j’avais besoin pour grandir et devenir une valeur pour la société. C’est tellement important pour un enfant, les premières années de sa vie, en particulier les trois premières.
Je n’ai aucune amertume envers ce père biologique ou cette belle-mère, pas plus d’amertume envers la DPJ ou envers les juges. Ils étaient obligés de composer avec la loi. C’est plutôt cette Loi sur la protection de la jeunesse qu’il faut amender dans les plus brefs délais. On est en 2019…
Je continue à m’inquiéter, comme enfant, quand j’apprends qu’il y a plus de 3300 cas de signalement à la DPJ qui sont en attente d’intervention. Cela veut dire qu’il y a beaucoup d’enfants, comme je l’ai été, qui sont en danger.
Je me suis mise à rêver de l’enfant que j’aurais pu devenir si je n’avais pas perdu la vie à 7 ans. J’aurais été adoptée par une maman et un papa. À l’âge de la majorité, j’aurais eu la possibilité de rencontrer mes parents biologiques afin de comprendre ce qui a bien pu se passer. Et j’ai poursuivi mes rêves, que j’étais pour faire des études, soit pour devenir astrophysicienne ou en médecine et après, pourquoi pas, poursuivre mes études en psychiatrie afin d’aider ultimement mes parents biologiques avec leurs problèmes de santé mentale.
Tout cela n’aura pas lieu, parce que j’ai été aspirée par cet immense trou noir que les astrophysiciens ont découvert dernièrement et dont je ne reviendrai jamais.
En terminant, j’ai eu les yeux dans l’eau quand j’ai été témoin, à l’Assemblée nationale, de la solidarité de tous les députés sous le leadership de mon premier ministre François Legault, et de leur volonté d’agir rapidement afin d’amender et de moderniser la Loi sur la protection de la jeunesse.
Je vous aime et je vous embrasse tous !
Alicia
C’est un beau prénom qu’on m’a donné. Il y a eu également Rose et bien d’autres comme Claire, Hélène, Gertrude, Céline, Marielle, Françoise, Charlotte, Isabelle, Danielle, Martine Christiane, Romy, Johanne, Andrée, Diane, Lucille, Amélie, Geneviève, Claudine, Joane, Marlène, Sophie, Candide, Francine, Louise, Émilie, Monique, Julie, Ghislaine, Anne-Marie, Annie, Anne, Cecilia, Elena, Graziella, Maëva, Olivia…
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