À la première lecture de l’article relatif aux conditions de travail des préposés aux bénéficiaires, paru lundi dans La Presse, comme bien des personnes qui l’auront lu, j’ai crié au désastre. Une préposée pour 100 patients et plus…

J’ai relu le texte et j’aimerais, me basant sur plus de 40 ans de carrière en CHSLD et en centre hospitalier, apporter quelques bémols pour que la compréhension des situations soit davantage le reflet de la réalité, et que tout le monde parle des mêmes choses.

Tout d’abord, quand on parle de CHSLD, il s’agit de centres d’hébergement et de soins de longue durée et non d’hôpitaux. 

Ensuite, quand il est fait mention que des directives internes non écrites privilégieraient de s’occuper en priorité des bénéficiaires qui ont des visiteurs, cela peut laisser croire que les autres bénéficiaires sont négligés ou passent en deuxième dans les priorités de la journée. Je crois au contraire que s’assurer que les bénéficiaires qui vont avoir de la visite soient propres et accueillants est une marque de respect et de dignité. Aimerait-on recevoir de la visite chez soi en robe de nuit, non lavé, non coiffé ? On a tellement dit que l’hébergement était un milieu de vie… c’est dans les petites choses de la vie quotidienne qu’on peut mettre le principe en pratique.

Quand on précise que 34 % des répondants travaillent dans un centre hospitalier, cela vient grandement nuancer le quota des employés/patients. En effet, les patients des centres hospitaliers sont, en principe, plus autonomes que ceux des CHSLD ; ils gagnent de l’autonomie au fur et à mesure de leur hospitalisation, ce qui allège les tâches des soignants plus on se rapproche de la date du congé. Si un certain pourcentage reste quand même aussi exigeant en soins et en aide, il en va autrement dans les CHSLD où la clientèle pour ainsi dire au complet ne cesse de s’alourdir au gré des mois de résidence (aggravation de la maladie, nouveaux diagnostics, âge croissant, etc.).

D’autre part, les fonctions et les tâches des préposés en centre hospitalier diffèrent de celles en CHSLD.

En centre hospitalier, il n’est pas rare de voir des postes dont les tâches ne sont pas consacrées directement aux patients, mais sont davantage « de service », comme transporter des échantillons de laboratoire, accompagner les patients pour des examens (radiologie ou autres), remplir les réserves de matériel, etc. Dans un contexte semblable, avoir 100 patients est tellement différent !

Le but de mon commentaire est de rassurer les familles qui ont lu l’article et leur dire qu’en plus de 30 ans de carrière en CHSLD, je n’ai jamais vu un quota équivalant à une préposée pour 100 bénéficiaires. Calculons… cela reviendrait à dire que sur une journée de sept heures travaillées par la préposée, il y aurait 4 minutes 20 secondes accordées à chaque bénéficiaire. Quel employeur va créer un tel poste ?

Il m’apparaît important dans de tels sondages de bien cibler les clientèles et les catégories d’employés avec les mêmes descriptions de tâches afin de laisser le moins de place possible aux interprétations erronées.

Je reste néanmoins profondément convaincue du manque de personnel soignant, tous statuts confondus, et j’espère que l’approche du gouvernement en place mettra la priorité – enfin – sur une approche humaniste par rapport à une approche exclusivement comptable.

Qu'en pensez-vous? Exprimez votre opinion