Il y a quelques semaines, j’ai assisté, comme chaque mois, à la réunion du conseil municipal de ma municipalité, Deschambault-Grondines. La réunion s’est déroulée comme d’habitude, avec sa litanie de décisions prises d’avance et « à l’unanimité ».

À la toute fin, un des conseillers nous a lu en totalité la « Déclaration citoyenne universelle d’urgence climatique (DUC) » et a proposé que notre municipalité y adhère, à l’instar d’autres villes comme Montréal et Sherbrooke. Ce qui fut fait. À l’unanimité. Certains citoyens se sont dits fiers de cette décision, qui a d’ailleurs été applaudie. Une première, à ma connaissance.

On nous a informés que des actions concrètes seraient annoncées sous peu. À titre d’exemple, la municipalité pourrait cesser la vente de bouteilles d’eau lors d’événements. Un citoyen a aussi suggéré l’organisation de groupes de bénévoles pour ramasser les déchets en bordure du fleuve.

Deux visages

Laissez-moi maintenant vous raconter une petite histoire.

Au cœur d’un noyau villageois bucolique, en bordure du majestueux fleuve Saint-Laurent, se trouve un joyau du commerce local, bio et durable, avec son marché public jovial, son magasin général pittoresque, sa boulangerie chaleureuse, sa chocolaterie alléchante et son café brûlerie sympathique. Une vraie fierté pour les élus municipaux, un attrait touristique, alléluia.

Pendant ce temps, un peu plus haut dans les terres, loin des flots bleus et du mythique chemin du Roy, l’autre visage de Deschambault-Grondines : bienvenue à Motocross Deschambault. Un lieu tout aussi mythique où se tiennent des championnats reconnus dans toute l’Amérique du Nord et même au-delà, où vous pouvez également vous exercer, suivre des cours et même envoyer vos enfants dans des camps pour les initier, dès l’âge de 5 ans, à cette belle activité de plein air. Un endroit formidable. Ouvert 7 jours sur 7.

Beaucoup de bruit, beaucoup d’essence dans l’air, dans le sol et, ultimement, dans l’eau de Deschambault-Grondines, jusque dans notre merveilleux fleuve Saint-Laurent.

Mais ce n’est pas grave. Quand seront repartis les convois de pick-up traînant des remorques chargées d’engins couverts de boue, une joyeuse bande de bénévoles munis de grands sacs de plastique et de bouteilles d’eau écoresponsables et équitables viendront ramasser les « souvenirs-déchets » que nous aurons laissés tomber pour ne pas salir nos chars.

Deux visages, deux réalités, deux solitudes. Le beau visage souriant qu’on présente aux touristes, québécois, français et même chinois, et la face grimaçante du gros fun ordinaire, pétaradant et fumant.

Puisqu’il semble impensable, voire inimaginable, même à l’heure de l’urgence climatique, d’éliminer tout bonnement les sports motorisés, ne pourrait-on pas à tout le moins en limiter leur pratique, en réglementer l’usage ? Pour ce qui est de Motocross Deschambault, la municipalité pourrait fort bien décréter que, par exemple, le dimanche, c’est fermé. Totalement fermé. Par respect pour les oiseaux et les grenouilles (et peut-être aussi pour les humains...). On a bien interdit aux cultivateurs d’épandre du fumier pendant une certaine période de grand achalandage touristique.

Prendre position pour vrai demande de la détermination. Du courage. Prendre des décisions qui déplairont. Pour des causes justes. Sommes-nous capables de faire les gestes qui s’imposent ? Nos enfants nous regardent. Et ils suivront.

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