L’audition est trop souvent tenue pour acquise. Avez-vous déjà fait évaluer votre audition comme vous faites évaluer votre vision ? Protégez-vous vos oreilles des bruits trop forts comme vous protégez votre peau des rayons trop puissants du soleil ? Probablement pas et vous n’êtes pas seuls ! 

Cette année, le gouvernement du Québec a choisi de faire de l’audition un enjeu de santé publique officiel. Une étude que nous avons réalisée pour la première fois au Québec, visant à évaluer la santé auditive des Québécois, révèle effectivement que seulement 38 % des Québécois de 18 à 40 ans ont déjà fait évaluer leur audition.

Dans le premier Portrait de la santé auditive des Québécois, que nous avons réalisé en collaboration avec la firme CROP, il ressort que 63 % des adultes québécois écoutent occasionnellement de la musique forte et que seulement 8 % des personnes interrogées utilisent des protecteurs auditifs lors d’activités bruyantes. Sachant que le nombre d’indemnisations reconnues par la Commission des normes, de l’équité, de la santé et de la sécurité du travail (CNESST) pour des lésions auditives ne cesse d’augmenter, il est effrayant de constater qu’à peine plus de la moitié (52 %) des gens qui travaillent dans un milieu bruyant protège leurs oreilles.

Un autre constat très inquiétant s’ajoute à ces chiffres, soit celui qu’une part importante de jeunes adultes (18 à 24 ans) commencent à éprouver des difficultés à suivre des conversations en groupe, à être moins tolérants aux sons forts ou encore à avoir des acouphènes.

Les chiffres parlent d’eux-mêmes et il est grand temps de remédier à ce laisser-aller général face au maintien d’une bonne santé auditive.

De plus, plusieurs semblent oublier que l’audition est la base même de notre système de communication. Dès qu’elle se porte moins bien, les communications deviennent plus difficiles, autant pour la personne touchée par la perte auditive que pour son entourage.

L’audition a en effet un impact important dans la vie de tous les jours. Lorsque nous sommes enfants, elle nous permet d’apprendre le langage et de prendre conscience de ce qui nous entoure. Éventuellement, elle nous amène à socialiser, à développer des relations et à communiquer.

La surdité au quotidien

Notre porte-parole Caroline St-Hilaire souffre de surdité depuis l’enfance. Depuis l’apparition des premiers signes de mauvaise santé auditive, elle subit régulièrement des tests pour vérifier ses capacités auditives. La surdité ayant cet impact majeur sur son quotidien, les membres de son entourage ont été sensibilisés très tôt aux impacts de ce trouble auditif sur la vie sociale et font des contrôles réguliers de leur audition. Encore en 2019, les Québécois n’étant pas entourés de personnes en mauvaise santé auditive n’en réalisent pas les graves conséquences sur le quotidien et n’effectuent pas les contrôles nécessaires : cette prise de conscience doit pourtant être collective et rapide.

En somme, que ce soit de manière préventive ou curative, il est primordial que les Québécois et les pouvoirs publics intègrent l’audition dans le parcours régulier des soins de santé.

Pour la troisième année, nous maintenons notre mandat de sensibilisation auprès des Québécois. Notre mission est de nous assurer que les citoyens préservent leur capital auditif pour rester actifs et en meilleure santé. Plus de 200 points de dépistage auditifs gratuits seront offerts dans la province lors de la Journée nationale de l’audition du Québec, le 7 mai prochain.

Le geste du gouvernement d’inscrire cette journée dans les journées officielles québécoises est un pas en avant que nous saluons et qui, nous l’espérons, fera augmenter dès cette année le nombre de Québécois ayant fait examiner leur audition. En développant ensemble des outils et en prenant les mesures nécessaires, nous nous assurerons que ce message de santé publique ne tombera pas dans l’oreille d’un sourd !

Qu'en pensez-vous? Exprimez votre opinion