Monsieur Legault, il m’arrive de réfléchir à la science, ce domaine du monde relatif aux catégories de faits, d’objets ou de phénomènes qui obéissent à des lois. Lorsqu’est définie la science, il s’agit de cette manière habile de mettre en œuvre des connaissances acquises dans une technique. On dit aussi qu’elle est vérifiée, c’est-à-dire qu’elle est validée par des méthodes expérimentales et qu’à tout moment, il est possible pour un individu d’en réfuter des conclusions.

Croyez-vous la science, M. Legault ?

Adhérez-vous à des conclusions signées par 91 auteurs citant quelque 6000 sources scientifiques ? Le pouvoir du nombre, il signifie quoi pour vous ? Si je vous pose ces questions, c’est simplement parce que ce sont sur ces nombres que reposent les conclusions du dernier rapport du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat.

Puisqu’on ne demande pas moins au premier ministre d’être rigoureux, curieux et critique dans l’accomplissement de ses démarches, j’ai envie de vous demander, tout comme on demande aux chercheurs, à la science : quelle est votre technique ?

Est-ce le déni, votre technique ? Ma psy vous dirait que le déni est une forme de refus d’accueillir, d’accepter. Votre rôle, l’accueillez-vous ? L’acceptez-vous ? Que signifie-t-il ?

Peut-être refusez-vous d’accueillir la science, ce résultat de l’humain. Mais je ne peux concevoir que ce soit ainsi, car si vous ne croyez pas en la science, vous qui avez œuvré dans l’une de ses branches, en quoi croyez-vous ?

Êtes-vous dans une impasse réflexive ? Si oui, permettez-vous de vous faire guider : pouvons-nous, en tant qu’espèce humaine, certifier la liberté future de nos actions et de notre évolution ? Et si nous nous retrouvions dans la restriction ? Ou, pire, dans l’impossibilité d’évoluer ? Serions-nous envahis par la culpabilité de ne pas avoir écouté ni réagi ? Nous sentirions-nous satisfaits de ne pas avoir changé notre mode de vie alors que des experts nous avaient prévenus, alors que la science parlait ?

Mes parents m’ont souvent dit : « N’attends pas qu’il soit trop tard, Gabrielle. Fais-le, maintenant. » Il n’est pas trop tard, monsieur Legault.

Vous êtes en retard. On vous a attendu. Vous avez des choses à rattraper. Vous avez encore du temps.

J’ai envie de vous poser une dernière question, plus personnelle cette fois : que répondriez-vous à vos petits-enfants qui, le cœur et l’esprit ouverts sur le monde, vous demanderaient des explications face à leurs constats des impasses environnementales du Québec ?

Vous avez le privilège d’être le premier ministre du Québec actuellement.

À ce privilège se greffe la responsabilité de diriger notre province vers une transition écologique. Vous pouvez sensibiliser, responsabiliser et encourager le passage à l’action des jeunes, des adultes et des aînés. Vous pouvez les guider vers cette culture du souci de l’empreinte écologique individuelle et collective. Et si le Québec devenait le lieu où se construit une citoyenneté environnementale ?

Leur futur

Je vais terminer en vous demandant d’envisager les possibilités pour le futur ; le nôtre, le leur. Celui des générations que nous éduquerons. Celui des générations que nous soignerons. Celui des générations pour lesquelles nous tenterons d’être créatifs et ingénieux. Celui des générations desquelles nous défendrons les droits.

François, si vous me le permettez, on se le donne, le go. Je vous le donne depuis longtemps.

On vous le donne depuis longtemps. Vous savez, si je vous ai écrit cette lettre, c’est que je crois en vous.

Montrez-nous, monsieur Legault, que nous pouvons croire en vous et que vous ferez ce qu’il faut, au nom de la science, pour assurer la transition écologique du Québec.

P.-S. : Je vous ai parlé d’environnement aujourd’hui. Si vous le voulez bien, la prochaine fois, on parlera de culture !

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