Les maires de Montréal et Québec ne vivent pas sur la même planète que les citoyens du Québec. Pendant que la population se frappe à la réalité économique difficile de la compétition mondiale et du surendettement, deux rêveurs semblent tenir obstinément à léguer une équipe sportive professionnelle à leur ville. Dans leur enthousiasme, ils semblent oublier d'analyser froidement la réalité.

L'an dernier, il avait été démontré que le rapport commandé à Ernst&Young par la Chambre de commerce du Montréal métropolitain (CCMM) présentait un paysage très optimiste de la réalité.

En effet, le scénario le plus pessimiste du rapport utilisait un taux de change de 0,90$ américain pour chaque dollar canadien. La chute vertigineuse du pétrole et la révision du taux directeur de la Banque du Canada de 0,25% ont abaissé la devise canadienne à 0,80$ américain en un temps record. Seulement un an après la publication du rapport, on a démoli l'argument d'une forte devise. En date d'aujourd'hui, cela veut dire un handicap de 20% de la marge sur les revenus locaux de Montréal par rapport à n'importe quelle ville américaine. Les équipes américaines ont une couverture naturelle contre le risque de taux de change: les revenus et les dépenses sont en dollars américains.

Oublie-t-on le long terme?

Le maire justifie l'intérêt pour le baseball à Montréal en se basant sur un événement unique: au printemps dernier, les deux parties hors-concours ont attiré plus de 96 000 spectateurs au Stade olympique.

Dans toute prévision budgétaire, il ne faut pas faire l'erreur de confondre une aventure d'un ou deux soirs avec un mariage de 25 ans. Il y a une marge entre assister à un match pour faire partie d'un événement unique et acheter un abonnement pour 81 matchs. Que Montréal investisse 11 millions sur 3 ans pour réaménager des terrains de balle moribonds, on peut le voir comme de l'entretien. Par contre, prioriser le baseball par rapport à d'autres sports plus demandés, voilà qui semble une utilisation contestable des taxes municipales.

Le maire Labeaume a reçu une douche froide lors des festivités du match des étoiles de la LNH. Le commissaire adjoint de la LNH, Bill Daily, a précisé qu'il manquait deux équipes dans l'Association de l'Ouest pour équilibrer la ligue. À moins que la géographie de celui-ci soit déficiente, on peut comprendre que Québec ne fait pas partie des plans à court terme de la LNH. La ville de Québec ne ferait pas augmenter de façon substantielle la présence du hockey par région géographique. En fait, les amateurs de hockey du Québec peuvent déjà suivre les Canadiens de Montréal. Pour le contrat de télévision, il vaut mieux pour la LNH de couvrir davantage de régions moins exploitées que de venir cannibaliser un marché déjà acquis. Voilà pourquoi on tient aux Coyotes de l'Arizona et que l'on convoite Seattle et Las Vegas.

On subventionne déjà outrageusement un promoteur de F1; on dirait que nos instances politiques n'apprennent pas de leurs erreurs. Dans les cas de Montréal et Québec, les scénarios prévus transfèrent 100% du risque des infrastructures à la population du Québec tout en laissant 100% de la valeur éventuelle de la revente de l'équipe à des intérêts privés. Messieurs les maires, si les retours des Expos et des Nordiques se concrétisent, le Québec deviendra le premier peuple à fournir lui-même le sapin qu'il se fait passer. Allez hop! On annule les vacances, on arrête de contribuer aux études des enfants et on s'achète des billets!

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