D'accord, les Québécois épargnent trop peu. Le Québécois moyen est une véritable cigale qui aime se frotter au suicide financier. Pourtant, un aspect peu traité est le fonctionnement de l'industrie se nourrissant de l'épargne. Le peu que l'on épargne obtient-il le rendement qu'il devrait? L'industrie conseille-t-elle le client ou se nourrit-elle de celui-ci?

Un des problèmes de l'industrie de l'épargne est la notion du conseiller en succursale. En franchissant le seuil d'une succursale bancaire, l'épargnant est confronté à des conseillers, banquiers personnels, planificateurs financiers ou autres noms équivalents, dont la rémunération est basée sur des objectifs de vente (renommés objectifs de performance, de croissance, d'amélioration, etc.). 

En outre, la première ligne d'employés offrira une carte de crédit, une marge de crédit ou une assurance-vie sur le solde utilisé d'un produit financier. De plus, l'institution financière a des fonds communs de placement à vendre. Si sa rémunération favorise la vente de certains titres, l'employé de la banque a un préjugé favorable envers ceux-là.

Dans l'industrie, on explique que les fonds communs de placement satisfont la majorité de la clientèle en permettant une diversification automatique d'un petit portefeuille d'épargne. Mais quel est le véritable coût de cette solution d'épargne « clé en main »? 

Les prospectus des diverses institutions financières permettent de comprendre que certains fonds communs de placement exigent 2 % de frais de gestion en plus des frais de transactions applicables par un courtier. Ce pourcentage a l'air bien mince. Pourtant, au cours d'une année où le rendement desdits fonds sera de 5 %, l'épargnant se retrouvera à payer 40 % de son rendement en frais de gestion.

Puis, vient la notion de dépôts. Les certificats de placement garanti (CPG) offrent peut-être un rendement assuré, mais la petitesse de celui-ci correspond à obtenir un usufruit s'approchant du niveau d'inflation. D'ailleurs, peu importe son profil d'investisseur, un jeune épargnant se condamne à de faibles rendements avec ce type de placement. À la blague, il n'est pas rare d'entendre l'expression « CPG comme dans Certificat de Pauvreté Garantie ». Évidemment, plus l'on avance en âge, plus il est logique de se déplacer vers des placements peu risqués.

Depuis un an, l'indice de la bourse de Toronto (indice composé S&P/TSX) a augmenté de 11,5 %. Pendant que l'on s'étouffe avec les déficits actuariels importants des fonds de pension, on oublie comment la bourse vient de connaître une année exceptionnelle. 

Dans une année où l'indice de la bourse est un excellent placement, plusieurs investisseurs pourraient se limiter à des placements dans des fonds indiciels à faibles frais de gestion, souvent inférieurs à 1 %. En effet, répliquer un indice boursier ne justifie nullement des frais de gestion élevés. Alors pourquoi l'épargnant moyen ne bénéficie-t-il pas toujours de cette notion?

Ce dont les épargnants ont besoin, ce sont des conseils et des connaissances. Pourquoi ne pas revoir notre modèle? La qualité des conseils donnés ne devrait jamais être proportionnelle à la rentabilité du client pour l'institution financière. Sauf si, évidemment, on est déjà actionnaire de cette institution...

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