Encore une fois, on repousse aux calendes grecques la difficile question de la retraite des Québécois. Que l'on soit pour ou contre les propositions du rapport D'Amours, le seul fait de décider que le résultat n'est pas agréable à entendre ne justifie pas de tabletter l'inquiétude soulevée par celui-ci.

En 1990, selon l'Institut de la statistique du Québec, l'espérance de vie d'un Québécois de 65 ans (moyenne des deux sexes) était d'encore 17,7 ans. En 2012, elle est chiffrée à 20,6 ans. Donc, en moyenne, nous vivons 4,1 ans de plus. Et alors? Cela représente plus de 16% d'augmentation de la durée de la retraite après l'âge de 65 ans. Sur la même période, l'espérance de vie à la naissance des hommes a connu une progression importante de 6,1 ans.

Malgré la situation précaire de leur retraite, les Québécois quittent le marché du travail à 60,2 ans en moyenne. Conclusion: nous vivons en plein déni de la réalité. Prendre sa retraite à 60 ans en moyenne est devenu une aberration logique, surtout avec un montant d'épargne moyen prévu par Québécois de moins de 5500$ pour 2013.

Quelles sont nos options? Elles sont multiples: augmenter l'âge de la retraite, augmenter les cotisations des employés ou des employeurs, réduire les prestations de retraite, changer le type de régime de retraite, etc. En somme, épargner ou investir plus, plus longtemps et indubitablement revoir notre niveau de consommation à la baisse. La solution non spectaculaire à nos problèmes de retraite demeure la prévention et la formation obligatoire sur les finances personnelles par le biais de cours dans les institutions d'enseignement secondaire, collégial et universitaire.

Le problème avec les solutions avancées comme la rente de longévité est la liberté d'action économique. C'est-à-dire qu'il y a plusieurs façons d'assurer son avenir: investir en bourse, dans l'immobilier, dans une société privée, etc. Augmenter les cotisations à la source des contribuables vient alors contraindre l'employé sur ses choix de retraite. Tout régime de cotisation obligatoire, comme celui proposé par Claude Castonguay, se butera à la perception de ceux qui ne savent pas différencier l'épargne retenue à la source et l'impôt.

De plus, il y a une question de contrôle à ne pas négliger. Une retraite doit pouvoir être contrôlée par le retraité. Les régimes obligatoires ou collectifs enlèvent une certaine liberté d'action. Mais, entre liberté individuelle et responsabilité collective, notre coeur vacille. Parce qu'en 2030, lorsqu'il ne restera que deux travailleurs pour un retraité, on demandera à ceux qui ont été prévoyants de payer davantage pour les autres. Ainsi, le présent défi est collectif et non individuel.

Paradoxalement, combler les déficits actuariels des régimes de retraite du secteur public représente non pas un privilège pour les employés bénéficiaires, mais une dette envers ceux-ci. On peut s'opposer comme on le veut à celui-ci, le régime de retraite est un salaire différé promis à l'employé. Cette réalité a théoriquement influencé la rémunération de l'employé tout au long de sa carrière, puisqu'un régime de retraite représente une assurance. Toute assurance a un coût. Pour être logique, il faudrait que les salariés des entreprises privées deviennent des créanciers privilégiés de celles-ci en cas de faillite (en situation de déficit actuariel des régimes de retraite).

Un jour, le nouveau spa remplira le dépotoir, les repas au restaurant seront digérés, les voyages dans le sud constitueront de beaux souvenirs, les nombreuses voitures se cumuleront à la ferraille et la guenille et les souliers seront à l'Armée du Salut. Par contre, le bain dans un CHSLD sera bien tangible et au mieux hebdomadaire. En attendant, on se ferme les yeux, on se bouche le nez et on fonce droit vers le mur ne faisant pas la différence entre un voile, une kippa ou une casquette.

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