Depuis plus de deux ans, la ville de L'Assomption vit cette longue agonie de la mort annoncée de son usine Electrolux. Comme des milliers d'autres travailleurs du secteur manufacturier, les employés sont victimes de l'arbitrage financier de notre économie mondialisée. Voilà que le gouvernement annonce une aide de relance de 600 000$. Cette annonce doit être relativisée.

La somme de 600 000$ sera majoritairement allouée à la réalisation d'études de faisabilité et de plans d'affaires. Bien sûr, une telle somme peut paraître importante à l'échelle d'une seule personne. Par contre, 600 000$ pour 1300 emplois, cela représente moins de 463$ par employé.

En mars 1999, le gouvernement du Québec annonçait une subvention de près de 7 millions de dollars pour des investissements totaux de 87 millions de dollars dans l'usine de pneus de Salaberry-de-Valleyfield et la création de 400 nouveaux emplois. En août de la même année, la compagnie Goodyear faisait volte-face et annulait l'investissement. En 2007, elle annonçait la suppression de 800 emplois. Depuis ce temps, l'usine n'est plus que l'ombre d'elle-même. Le nombre d'employés y travaillant n'est plus qu'une fraction de ce qu'il a déjà été.

Plus de 14 années séparent les deux histoires, pourtant elles se ressemblent. Deux communautés voient une partie de leur économie s'éteindre soudainement. Ce scénario, nous le connaissons, il se répétera, encore et encore. Le Parti québécois veut investir moins de 500$ par employé pour relancer la région? Une goutte d'eau dans l'océan. Dans le monde d'aujourd'hui, 600 000$ représentent une somme symbolique. Quelques consultants à gauche et à droite et hop, la somme a fondu comme neige au soleil.

Avec un dollar relativement à parité et un déficit technologique, le Québec fait figure de parent pauvre dans le secteur manufacturier. Notre province ne semble pas être compétitive mondialement dans ce secteur. Elle devrait se concentrer sur les activités à forte valeur ajoutée. En d'autres termes, nous devons être des chefs de file dans l'innovation. Pour ce faire, nous devons développer l'économie du savoir et revaloriser les études de pointe en sciences. À moyen et à long terme, notre planche de salut collective passe par un niveau d'éducation moyen supérieur.

Une véritable solution à long terme serait de revaloriser collectivement les études. Nous devons surtout revaloriser les études en sciences naturelles: véritable berceau des avancées technologiques et de l'innovation.

Tant que le coût de l'énergie des transports sera abordable, il n'y a pas de raison laissant croire que le Québec puisse être compétitif dans le secteur manufacturier de base. En effet, la production locale québécoise de biens ne pourra en aucun temps concurrencer le faible coût de production dans les pays en développement ou les subventions des autres villes pour attirer les entreprises. Tout cela, jusqu'au jour où le coût du transport sera trop important pour délocaliser la production de biens nécessaires à la consommation nationale. À court terme, ces 600 000$ sont donc un geste politique pour mettre un baume sur notre impuissance à voir notre économie se transformer.

Un jour, un collègue a remis son 248$ de bonus de fin d'année à un associé de la firme où nous travaillions en mentionnant: «Je pense que vous en avez besoin plus que moi.» Cette réaction démontrait le ridicule du montant face à la situation. Ainsi, tant qu'à dépenser 600 000$ pour relancer une ville, envoyons directement le chèque à Centraide.

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