Depuis la nomination de Pierre Karl Péladeau à la tête du conseil d'administration d'Hydro-Québec, on tente de comprendre pourquoi un homme d'affaires aussi influent tient à servir l'État sans rémunération. On y cherche toutes sortes de raisons. Et si ce don de soi avait réellement comme ultime but de servir la nation? En se basant sur la pyramide des besoins de Maslow, cela rend tout à fait plausible son affirmation.

La pyramide de Maslow est un concept bien connu, enseigné autant au niveau collégial qu'universitaire dans le cadre d'une formation en gestion. En management, on utilise cette théorie liée à la motivation pour hiérarchiser les besoins. En somme, on doit satisfaire les besoins d'un niveau avant de tenter de combler le niveau supérieur. Utilisons donc cette théorie pour établir un parallèle entre celle-ci et la décision de l'ancien PDG de Québecor de servir l'État.

Le premier niveau se concentre sur les besoins physiologiques. Déjà à l'enfance, M. Péladeau savait probablement ses besoins physiologiques comblés pour longtemps: la faim, la soif ou avoir un toit ne seraient pas une source de stress quotidien.

Puis, ce dernier a grandi pour prendre la relève de l'entreprise de son père. À ce moment, il se devait de combler le besoin de sécurité. Celui-ci a été atteint avec doigté alors que PKP a eu l'opportunité de mettre la main sur Vidéotron avec la complicité des Québécois. Tout cela grâce à l'investissement massif de la Caisse de dépôt et placement du Québec et aux actions à votes multiples.

Ensuite vient le besoin d'appartenance. Celui-ci a été satisfait sous plusieurs angles pour M. Péladeau: fonder une famille, avoir le statut social d'être chef d'entreprise, etc.

Une fois les trois premiers niveaux atteints, on culmine vers le besoin d'estime, c'est-à-dire l'appréciation et la reconnaissance des autres. Encore ici, le fait d'être président d'entreprise apporte un certain respect, mais quoi de mieux que d'offrir une équipe de hockey à une population en manque de son sport national pour susciter l'admiration de cette dernière? Évidemment, devenir l'éventuel propriétaire d'une équipe de hockey de la LNH vient aussi renforcer cette estime, puisque le club sélect des propriétaires de franchises se limite à quelques dizaines d'individus ou sociétés dans le monde.

Nous en sommes rendus au sommet de la pyramide des besoins: le besoin d'accomplissement. Voilà l'étape la plus difficile à atteindre, celle de se sentir accompli. Au-delà des bénéfices monétaires, derrière les théories de la motivation, il y a une notion ultime: le sentiment d'avoir réussi. S'il était très critique envers lui-même, PKP pourrait se percevoir comme un homme d'affaires ayant hérité de sa situation on en partie par des liens de sang. Il pourrait se dire que les Québécois lui ont donné le contrôle d'une société à même la caisse d'épargne commune en plus de lui offrir un amphithéâtre au rabais.

Mais rendons à César ce qui est à César, ce ne sont pas tous les dauphins qui atteignent les attentes formulées à leur égard. Ainsi, PKP est un fin stratège ayant réussi à réorienter une compagnie dont le modèle d'affaires initial était à revoir. Ainsi, pour atteindre l'état de plénitude, quoi de mieux que transformer un «service à l'État» en don de soi? Au strict point de vue d'affaires, M. Péladeau semble avoir les atouts requis pour le poste.

Par contre, il faudra beaucoup d'années sans rémunération à la tête du conseil d'administration d'Hydro-Québec pour combler le déficit d'investissement de la Caisse de dépôt dans l'aventure Vidéotron. Il en va de même pour la dépense collective du futur amphithéâtre de Québec. Ainsi, lorsque vous dites que vous ressentez le besoin de servir l'État, M. Péladeau, je vous crois et vous comprends.

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