Le printemps sonne le départ de la frénésie des acheteurs. Ceux qui rêvent d'emménager dans une nouvelle résidence à la Fête du Canada. Mais voilà, entre l'acheteur et le vendeur se trouve souvent un ou des courtiers immobiliers.

Dans une vision purement financière, pourquoi les vendeurs font-ils toujours affaire avec un courtier en 2013? En effet, dans l'analyse du coût de la commission, on oublie souvent le vendeur laissant aller une rondelette somme sur la table.

Dans toute notion de sous-traitance, il y a toujours la question sous-jacente: puis-je le faire moi-même? Prenons une maison de 450 000$ située à Montréal. Le vendeur d'une telle résidence peut la vendre lui-même ou engager un courtier immobilier. La commission demandée par son courtier sera de 5%. Celle-ci pourra être partagée avec le courtier de l'acheteur s'il y a lieu. Ainsi, la commission sur la vente de l'immeuble totalisera 22 500$. Ajoutons que cette commission est taxable puisque le vendeur bénéficie d'un service. Le frais de commission pour le vendeur égale 25 869$, ce qui représente une dépense réelle pour le vendeur de 5,75%.

Imaginons qu'un des propriétaires de ladite maison ait un revenu annuel de 70 000$. Un tel contribuable paierait 19 049$ en impôts (d'un point de vue des tables combinées des taux fédéral et provincial, d'autres déductions à la source, crédits et avantages fiscaux viennent modifier cette somme). Ce contribuable se retrouve donc à gagner 50 951$ après impôts. En somme, la commission du courtier représente 50,8% de son salaire net annuel. D'un strict point de vue financier, le vendeur serait donc indifférent à prendre un congé sans solde de six mois pour se consacrer uniquement à la vente de sa résidence ou payer cette somme au courtier pour exécuter ce travail.

L'industrie des courtiers immobiliers est en mouvance. D'ailleurs, les publicités télévisées des derniers mois démontrent le besoin de l'industrie d'expliquer sa raison d'être ou de repositionner son image. Que le vendeur engage ou non un courtier, il demeure légalement responsable de la propriété vendue. Le courtier est un intermédiaire, il ne devrait pas être rémunéré comme s'il prenait un risque autre qu'un risque d'affaires.

Avec l'avènement de l'internet, la nécessité de faire affaire avec un courtier pour apparier les vendeurs et les acheteurs a perdu une partie de sa raison d'être. Si un vendeur ou un acheteur veut connaître la valeur d'une maison, il peut effectuer une analyse comparative entre plusieurs demeures semblables en quelques clics.

Que l'on me comprenne bien, le courtier a un rôle encore nécessaire pour certains, il y aura toujours une demande pour faire travailler les autres à notre place. Par contre, il est raisonnable de penser que cette demande tendra à diminuer fortement dans le futur: une révision des taux de commissions sera alors probablement nécessaire.

Pourquoi payer un tel service en fonction de la valeur de la maison? Pourquoi ne pas réduire le taux de commission, plafonner celui-ci ou rémunérer le courtier sous forme d'un montant forfaitaire? Les courtiers nous expliquent souvent l'importance de la commission en la justifiant par leurs propres frais et le petit nombre de transactions qu'ils réalisent dans une année. En aucun temps, on ne peut extrapoler que les courtiers roulent sur l'or en moyenne. Par contre, on peut se demander si leur modèle d'affaires, tel qu'il nous est présenté, a toujours sa raison d'être.

En attendant, pas étonnant que des sites à forfait offrent des tarifs de visibilité pour une fraction du prix faisant ainsi appel au côté rationnel des vendeurs. Parce que dans chaque particulier, il y a un homo economicus qui sommeille.

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