La péréquation canadienne semble bien incomprise par la société en général. Le fait que le Québec reçoive un chèque annuel a aidé la cause des fédéralistes depuis les 30 dernières années. Par contre, l'idée que cette péréquation est payante pour le Québec pourrait bien s'inverser.

En effet, l'Ontario devient un prestataire de choix pendant que l'Alberta s'impatiente de payer pour «la belle vie» des Québécois. À quel moment arrivera-t-on à ce point de rupture où les Québécois ne seront plus avantagés par la péréquation? Ce moment précis sera névralgique.

Que l'on soit souverainiste ou fédéraliste, la question de la péréquation viendra changer notre perception de la question nationale. Pauline Marois doit comprendre que le moment où la péréquation devient désavantageuse pour le Québec est synonyme de conditions gagnantes pour son idéologie de pays.

D'un autre côté, les fédéralistes comme Philippe Couillard doivent craindre l'appauvrissement de l'Ontario et la révision du calcul de péréquation canadienne. En fait, elle donne des munitions au clan adverse même dans une situation d'appauvrissement du Québec.

Autant les souverainistes que les fédéralistes doivent se pencher sur un problème commun: le changement potentiel des règles du jeu. Tant que le Québec bénéficie d'un chèque annuel, le statu quo semblait une position tolérable pour les Québécois. Par contre, à partir du moment où cette assistance nationale disparaît, on se retrouve devant deux nouvelles réalités. La première: il faut combler le manque à gagner de plusieurs milliards de dollars annuellement. La deuxième: le sentiment de dépendance économique envers le Canada s'estompe.

Donc, que l'on soit dans un clan ou dans l'autre, il faudra ultimement créer de la richesse pour compenser les pertes financières, réduire drastiquement nos avantages collectifs ou s'entendre avec le reste du Canada pour maintenir notre sort dans le jeu de la péréquation.

Ainsi, lorsque Philippe Couillard a été rabroué de lancer l'idée de signer la constitution canadienne, il a peut-être fait preuve de lucidité, consciente ou non. Le statu quo, cette position à l'aise de ne pas avoir à faire de choix devient révolue. Le Québec devra un jour ou l'autre choisir ou être rejeté. Il se verra obligé d'assumer les conséquences de ses choix économiques. Jusqu'à maintenant, nous jouons collectivement à l'autruche.

Le Québec est à l'heure des choix: la taxation des «riches» a atteint le seuil psychologique de 49,97%, la dette a atteint une proportion importante du PIB, la population est vieillissante et la concurrence mondiale fait pression sur notre secteur manufacturier agonisant.

Quel est le plan du gouvernement québécois pour survivre le jour où l'Ontario ou une autre province se verra allouer davantage l'enveloppe de la péréquation? Que ferons-nous le jour où le calcul de cette péréquation sera revu à notre désavantage? Où trouverons-nous les milliards annuels non reçus en péréquation?

Pendant que François Legault cherche à nettoyer les plages du fleuve St-Laurent, Philippe Couillard veut redorer le blason du Québec dans la Confédération canadienne. Voilà, on cherche des idées, on cherche un projet porteur: une direction, quoi. Mais le mur approche chaque jour. Que fait-on?

Si le Québec ne se veut pas lucide, se voudra-t-il au moins conscient? Synonymes? Un simple changement de mots fait toute la différence en marketing. La prévention n'étant pas spectaculaire, voulons-nous vraiment attendre la chirurgie avant d'agir? Mme Marois, M. Couillard, M. Legault, quel est votre plan? Parce que le market timing de la remise en cause de l'unité économique canadienne approche.

Quand même ironique qu'une situation de pauvreté nationale relative vienne donner des munitions aux souverainistes.

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