Que ce soit la photo d'un courtier immobilier, les coupons pour obtenir un poulet rôti ou le sac rempli de papiers publicitaires, nous sommes submergés quotidiennement de publicités. Par contre, certaines promotions sont insidieuses, comme la sollicitation et la publicité sur le crédit.

La Banque de la Reine du Canada offre un taux de 1,9% sur une carte platine pour une durée de 10 mois, après quoi le taux sera de 19,99% (autant dire 20%) sur tout solde résiduel sur la carte. Le taux de 1,9% est très bas puisqu'il est inférieur au coût des fonds de ladite institution financière. Pourquoi la banque offre-t-elle un tel taux alors? Simplement parce qu'historiquement, l'encours mensuel des soldes de cartes de crédit dépasse en moyenne la somme des remboursements.

En d'autres termes, ceux qui ne remboursent pas la totalité du solde dû rentabilisent le crédit d'un mois sans intérêt accordé aux «bons utilisateurs» et les faibles taux de lancement proposés aux nouveaux adhérents.

Les taux d'emprunt des cartes de crédit sont-ils trop élevés? Techniquement, ils sont élevés, car la créance n'est pas adossée à un actif comme c'est le cas pour un prêt hypothécaire résidentiel. Il est donc logique que les taux des cartes de crédit soient élevés. Ainsi, les revendications de différents organismes pour abaisser les taux des cartes de crédit manquent la cible.

Au-delà des taux alléchants, les offres non sollicitées vont de l'approbation anticipée de l'augmentation de la limite de crédit aux «chèques-cadeaux» sans intérêt pour une période de six mois. Le problème collectif des cartes de crédit n'est pas leur existence, mais bien l'utilisation que le consommateur en fait. Le crédit à la consommation n'est pas une source de revenus complémentaires, mais bien un filet de sécurité. Ainsi, le taux d'endettement moyen de plus de 160% de la population est critique lorsqu'on sous-entend qu'une partie significative de ce crédit est liée à la consommation.

L'accès facile au crédit en adéquation avec des taux d'intérêt à des planchers historiques est sans doute la cause de notre endettement collectif. Tant qu'il y aura des liquidités disponibles, le consommateur moyen ne sera pas forcé de modifier son comportement, même si celui-ci nuit à sa santé financière à moyen et à long terme.

Dans une société où la formation obligatoire sur les finances personnelles et l'économie sont reléguées aux oubliettes, il est de notre devoir collectif de réglementer un marché où les objectifs de vente priment sur la santé financière des clients. Lorsque le contribuable reçoit une sollicitation pour une nouvelle carte de crédit, il ne comprend pas en quoi cette demande supplémentaire de crédit affecterait sa cote de crédit et sa capacité future d'emprunt. Aucun consommateur ne devrait se permettre de payer 20% sur un solde de carte de crédit. Non pas parce qu'il ne peut pas effectuer les paiements, mais bien parce qu'un tel taux est injustifiable dans une saine gestion de finances personnelles.

En attendant que le gouvernement se décide à légiférer sur l'accès au crédit en interdisant la sollicitation et la publicité sur le crédit, le consommateur peut prendre la liberté de renvoyer l'enveloppe-réponse de toute sollicitation de crédit en la remplissant de publicités de la section boucherie de l'épicier du coin. Lorsque les institutions financières seront lasses de recevoir des annonces de boeuf haché, elles cesseront peut-être de tenter de saigner davantage la bête.

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