Par ce froid hivernal, un entrepreneur laisse tourner le moteur de son véhicule d'utilisation non sportive pendant qu'il discute avec son client. Comme plusieurs Québécois, il chauffe sa maison au mazout ou alimente sa cuisinière au gaz naturel.

Paradoxalement à cette consommation, Hydro-Québec a identifié cinq défis majeurs auxquels la société d'État fera face dans le futur. Parmi ceux-ci, la surcapacité de production et la faiblesse du coût de sources substituts d'énergie comme le gaz naturel sont à l'honneur.

Une solution à la baisse de rentabilité potentielle d'Hydro-Québec est pourtant dans notre cour.

Selon les dernières statistiques disponibles sur le site web du ministère des Ressources naturelles du Québec, notre province a importé 141 millions de barils de pétrole en 2010. Le prix du baril (Brent) est volatile, mais aux fins de calculs rapides, fixons le prix moyen à 100$ le baril (avec un taux de change relativement au pair entre le dollar canadien et américain) pour la période actuelle. Cela signifie que le Québec importe plus de 14 milliards de dollars de pétrole annuellement.

Selon les derniers états financiers d'Hydro-Québec disponibles, la société d'État enregistre un chiffre d'affaires annuel de 12,4 milliards de dollars. Nous craignons la surcapacité? Pensons stratégiquement et à plus long terme.

Si, un jour, le Québec réussissait à convertir sa consommation de pétrole en énergie électrique, il pourrait potentiellement doubler le chiffre d'affaires d'Hydro-Québec tout en améliorant sa balance commerciale.

Économiquement, nous serions indifférents de hausser nos tarifs d'électricité puisque nous donnons déjà cette somme à des intérêts étrangers. En d'autres termes, tant qu'à brûler des milliards en pétrole, pourquoi ne pas se verser un dividende collectif en plus de bénéficier d'une source d'énergie moins polluante?

Certains désirent sabrer les dépenses chez Hydro. Pour ma part, je préfère que l'on s'en serve comme locomotive économique pour agir aujourd'hui au nom du Québec de demain. On doit retourner dans une logique collective d'investissement.

Comment s'y prendre? Le Québécois est comme n'importe quel homo economicus, il changera sa consommation le jour où il y verra un avantage économique. Ainsi, pour les systèmes de chauffage au mazout et au gaz, pourquoi ne pas offrir une subvention plus significative poussant le citoyen à rationnellement convertir son système en toutes situations?

La vision à court terme de certains a pour conséquence de blâmer les gouvernements de subventionner l'achat de véhicules électriques. Pourtant, il y a un coût à développer un réseau suffisant d'utilisateurs pour rendre attrayante la voiture électrique. D'ailleurs, cette voiture électrique, nous aurions pu la développer nous-mêmes. Mais nous avons manqué de patience et de vision.

Le Québec a l'occasion de revoir la logique de sa balance commerciale au point de vue de l'énergie. Plutôt que de toujours miser sur la hausse des exportations, tentons parfois de minimiser les importations. Si le Québec se dote d'un plan stratégique visant à éliminer notre dépendance au pétrole, nous y arriverons. C'est une question de volonté politique, d'investissements en recherche et développement et de patience collective. Lorsque le gouvernement Lesage a nationalisé l'hydroélectricité, il fallait avoir de la vision. Nous sommes à un de ces moments cruciaux dans l'histoire où il faut faire preuve de vision. Préférons-nous, d'un point de vue de souveraineté énergétique, dépendre de l'Algérie et éventuellement et l'Alberta, ou devenir énergétiquement maîtres chez nous? Nous sommes 8 millions, il faut se parler.

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