Il y a quelques jours, Jacques Parizeau est intervenu pour remettre les pendules à l'heure sur l'endettement du Québec et mettre en garde le gouvernement Marois de procéder à une nouvelle ronde de compressions budgétaires. Ce avec quoi je suis tout à fait d'accord.

M. Parizeau rappelle qu'il y a plusieurs définitions de la dette publique. La dette brute du Québec atteint 71% du PIB du Québec. De quoi s'inquiéter, diront certains. Mais si on tient compte des actifs de l'État québécois, la dette nette tourne autour de 45% du PIB et si on utilise le concept de déficits accumulés, comme le fait le gouvernement fédéral, on parle plutôt de 33% du PIB. De quoi relativiser.

La dette totale du Québec, incluant sa part du fédéral, représente 65% du PIB, légèrement sous la moyenne de l'OCDE, ce qui fait de la dette d'un Québec indépendant un élément tout à fait gérable. Si on additionne les surplus et les déficits des 10 années allant de 1998 à 2008, le gouvernement du Québec a dégagé un surplus net de 2,7 milliards. Pas si mal comme gestion financière, souligne l'ancien premier ministre.

À l'exception du déficit de 2009-2010 causé par la grande récession, l'essentiel de l'augmentation de la dette tient à des modifications comptables. Les manuels d'introduction à l'économie au collégial l'expliquent bien en rappelant que depuis la réforme comptable de 1997-98 des finances publiques, l'équilibre budgétaire ne suffit plus à empêcher la dette du Québec de s'accroître, à cause du calcul de l'amortissement des immobilisations. Rien à voir avec de la mauvaise gestion.

M. Parizeau aurait pu rajouter que contrairement à ce que certains croient, l'État n'a pas à rembourser sa dette. L'État a une existence théoriquement infinie ce qui n'est pas notre cas individuellement, pauvres mortels. Il peut indéfiniment renouveler ses emprunts pour rembourser ceux qui arrivent à échéance. La seule chose qu'il doit surveiller, c'est que la dette n'augmente pas plus vite que ses revenus fiscaux, c'est-à-dire que la croissance économique.

Pour certains, cette dette est insoutenable comme héritage laissé aux prochaines générations. Mais c'est oublier que cette dette est en grande partie de l'argent que nous nous devons à nous-mêmes. S'il y a dette, il y a créance. La dette publique québécoise est possédée en majeure partie par des Québécois soit personnellement, soit par leurs fonds de pension. Les prochaines générations vont hériter de la majeure partie de ces actifs en même temps que de la dette.

Le vrai problème porte sur les intérêts de cette dette qui sont un transfert de revenus d'une partie de la population vers l'autre. La seule façon de rétablir l'équité dans ce cas est l'impôt progressif, qui est malheureusement de plus en plus remis en question.

Finalement, l'ancien premier ministre a voulu recentrer le débat sur ce qui lui semble essentiel pour le Québec en termes de défis économiques: sa croissance trop lente, la détérioration de sa balance commerciale et le manque de formation professionnelle. Il aurait pu ajouter le problème du sous-emploi, le grand absent des débats malgré un taux de chômage beaucoup trop élevé à plus de 7,5%. Il est temps de revenir à l'essentiel.

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