Le couronnement de Justin Trudeau, c'est d'abord la victoire de l'establishment du Parti libéral du Canada. Les déclarations dithyrambiques des vétérans du parti comme Marc Lalonde à son égard sont révélatrices.

Je me rappelle qu'en 2003, au moment du départ de Jean Chrétien, le nom de Justin Trudeau avait circulé pour lui succéder. Paul Martin m'avait démenti la rumeur dans un petit bus de la Colline Parlementaire qui amène les députés à la Chambre des communes, mais en ajoutant que c'était trop tôt, que le jeune (ce sont ses mots) devait se faire élire et prendre de l'expérience avant de devenir chef. Il est clair que le fils de l'autre était dans les plans des éminences grises du PLC depuis une décennie.

Cet appui de la vieille garde du PLC est une garantie que le nouveau chef va maintenir la ligne dure envers les demandes du Québec. Sa réaction à la demande de l'Assemblée nationale de faire la lumière sur les circonstances du rapatriement de la Constitution et son discours de dimanche le démontre. Trudeau s'adresse à la clientèle traditionnelle du parti et les invite à revenir au bercail, sans aucune ouverture pour les autres Québécois. Il s'adresse aux gens de Notre-Dame-de-Grâce et non à ceux de Joliette.

N'empêche que cela inquiète le NPD au Québec, mais aussi en Ontario. C'est sans doute ce qui explique le tour de passe-passe du vote de confiance de Thomas Mulcair qui n'en était pas un. Normalement, un vote de confiance porte sur une question comme «renouvelez-vous votre confiance au chef, oui ou non?». Dans ce cas-ci, la question était alambiquée: «Le parti devrait-il tenir un congrès pour élire un nouveau chef?»

À 30 mois des élections, un militant responsable qui n'aime pas trop le chef va tout de même voter non. On peut donc penser que les 92% de non n'étaient pas nécessairement des appuis à M. Mulcair. On est loin des 98% d'appuis à Jack Layton avec une vraie question de confiance.

Cette nouvelle situation devient une occasion pour le Bloc québécois. Des luttes à trois pourraient donner des résultats bien différents qu'en 2011. Mais, il n'y a rien d'assuré. D'abord, l'appui au PLC, qui n'est pas si élevé selon les sondages, pourrait s'effriter. Ensuite, le NPD, qui perd des plumes depuis la dernière élection, pourrait garder suffisamment de votes pour être nuisible.

D'où l'importance de la démarche vers le congrès de 2014 qui débute en fin de semaine avec le conseil général à Montréal. La direction du parti y déposera une proposition de plateforme qui sera débattue dans les circonscriptions. Plus qu'un exercice démocratique obligé, ces débats doivent être des outils de recrutement et de mobilisation des membres et du mouvement souverainiste.

Il faut que cette démarche démontre qu'un vote pour le Bloc est tout aussi utile qu'un autre pour arrêter Harper. Cela nécessite que le Bloc tire des leçons de la défaite de 2011, ce qui n'a pas été fait. Il faut aussi attaquer les partis fédéralistes dans leur incapacité de défendre les intérêts du Québec. Les exemples ne manquent pas. Finalement, il faut mettre de façon articulée l'indépendance du Québec au centre du discours et de l'action. Et cela prend plus qu'un moulin à prières!

Qu'en pensez-vous? Exprimez votre opinion