Il est beaucoup question d'austérité et de rigueur depuis quelques mois. Aujourd'hui pourtant, c'est sur le thème de l'efficacité et de l'innovation énergétique que le gouvernement a décidé de réunir des experts québécois et internationaux dans une table ronde, afin de l'aider à établir la nouvelle politique énergétique du Québec.

Il faut en effet adopter une plus grande rigueur dans le secteur énergétique québécois : en moyenne, nous consommons 20 % plus d'énergie par personne dans nos maisons qu'en Norvège - qui a un climat similaire et un niveau de vie supérieur au nôtre. En transport, cette différence est de 50 %. Des constats similaires peuvent aussi être faits dans les commerces et les industries.

Ce n'est pas parce que la Norvège est plus petite ou parce que les Norvégiens restent enfermés chez eux. C'est simplement qu'ils ont fait des choix d'urbanisme, de bâtiments et de systèmes de transport différents. Ils aiment comme nous les voitures, mais ils ont aussi décidé d'envoyer un tout autre signal de prix aux consommateurs : l'essence (produite avec du pétrole 100 % norvégien) et les voitures coûtent environ le double d'ici en raison des taxes imposées par le gouvernement.

Les revenus peuvent alors financer un transport en commun plus efficace. Celui-ci bénéficie à tous, même aux automobilistes, qui profitent de la moins grande congestion sur les routes. L'électricité (hydroélectrique et majoritairement publique) se vend quant à elle deux à trois fois plus cher. Elle enrichit davantage l'État, qui peut ensuite offrir des programmes favorisant une plus grande équité dans la société.

Regardez aussi en Suède, en Allemagne ou au Japon : les constats sont similaires. Des économies plus productives que celle du Québec, plus de richesse, moins d'énergie consommée. Et des prix de l'énergie autrement plus élevés qu'ici - tout en ayant moins d'inégalité sociale.

Équilibré

Si le gouvernement vise un rapide retour à l'équilibre budgétaire, au prix de changements rapides et contestés, il serait aussi souhaitable qu'il vise dans la nouvelle politique énergétique un retour à l'équilibre écologique.

Notre mode de consommation énergétique, surtout en transport, est en effet basé sur un déséquilibre constant entre ce que l'atmosphère peut accepter comme gaz à effet de serre (GES) et ce que nous lui envoyons. Ce déséquilibre pèse déjà à l'échelle mondiale : les changements climatiques s'observent. Ils continueront malgré nos timides efforts, mais nous pourrions réduire leur impact en adoptant des approches de consommation énergétique plus équilibrées. Cela n'implique pas une austérité énergétique, mais des changements structurels et individuels qui nous rendraient plus efficaces.

Pour atteindre cet objectif, le gouvernement devra faire preuve d'un peu plus de subtilité et de cohérence que dans son usage actuel de la tronçonneuse myope, qu'il manie en santé et en éducation.

Il ne s'agit en effet pas uniquement de hausser les tarifs d'électricité ou les taxes sur les carburants. Il faut le faire en informant et en développant les alternatives : autant dans le secteur du bâtiment que du transport, des gains sont réalisables à court, moyen et long terme. En comprenant la situation particulière des différents types de consommateurs/citoyens, le gouvernement pourrait facilement protéger les plus vulnérables et faire migrer tout le monde vers un équilibre énergétique plus productif, individuellement et collectivement.

Suite à cette première table d'experts, le gouvernement réunira d'autres experts ce printemps pour discuter d'énergie renouvelable et d'hydrocarbures. La population pourra réagir à ces discussions. Le défi sera de doter le Québec d'une politique énergétique cohérente et ambitieuse, qui nous mènera à la prospérité énergétique, tout en consommant moins.

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