Cette semaine, le ministre des Finances faisait le point sur la situation économique et financière du Québec. Sans doute plus que jamais, l'énergie et l'environnement étaient présents dans cet état de la situation.

La consommation énergétique est touchée par le marché du carbone, mais aussi par les programmes de soutien à l'efficacité énergétique des PME, par un soutien à l'électrification et aux technologies vertes, par un programme d'aide à la rénovation (« LogiRénov ») et par une augmentation des droits d'immatriculation des véhicules selon leurs cylindrées, pénalisant surtout les gros véhicules.

Ces éléments sont de nature à améliorer l'efficacité énergétique du Québec et, comme le dit le gouvernement à plusieurs reprises dans son document, à « favoriser la transition du Québec vers une économie verte ». Il faut évidemment le féliciter pour cela.

Mais est-ce suffisant de « favoriser » ? Ne vaudrait-il pas mieux être plus ambitieux et s'assurer que nous effectuions cette transition le plus rapidement possible ? Sans prendre de nouveaux engagements, en mettant simplement en oeuvre un plan de réduction de 20 % de nos émissions de gaz à effet de serre (GES) sous le niveau de 1990 en 2020, des mesures bien plus importantes seraient nécessaires.

Le pétrole omniprésent

Notre situation énergétique est en effet telle, aujourd'hui, que 37 % de notre consommation énergétique est liée au pétrole, qui est à la source de 56 % de nos émissions de GES. Ce pétrole, nous le consommons à 80 % dans le secteur du transport. Les ménages québécois dépensent dans ce secteur 35 milliards par année - essentiellement pour l'achat de véhicules, d'essence et de tout ce qui va avec (pneus, stationnement, entretien, assurance, etc.). Il faut ajouter les dépenses annuelles du gouvernement pour les routes, soit 4 milliards. Le secteur du transport nous donne une mobilité, évidemment essentielle à notre qualité de vie et à notre productivité. Mais en avons-nous pour notre argent ?

Les infrastructures routières sont en mauvais état, les villes québécoises sont de plus en plus congestionnées, les accidents de la route font encore trop de victimes et, comme le souligne Environnement Canada, « les transports sont l'une des sources les plus importantes de pollution atmosphérique au Canada ». De plus, comme nous nous déplaçons plus que jamais en voiture, nous faisons moins d'exercice physique et notre santé en pâtit.

Bref, il serait plus que temps de savoir s'il n'y aurait pas quelques milliards à aller chercher dans un secteur qui pose tant de problèmes directs et indirects.

Dissuasion

Dans cette perspective, les 2 à 3 ¢ du litre qui s'ajouteront au prix de l'essence en janvier, le marché du carbone et les quelques dizaines de dollars en plus pour l'immatriculation des véhicules à partir de 2016 ne feront pas grand-chose pour contrer l'appétit grandissant des Québécois pour les gros véhicules individuels.

Le plan économique du gouvernement nous dirige bien trop timidement vers une consommation énergétique moindre, qui passe avant tout, au Québec, par un secteur des transports repensé. Moins de véhicules individuels sur les routes, plus de transport partagé et collectif, plus de transport actif. Cela nous permettrait de réduire les dépenses des ménages, la consommation d'essence et les émissions de GES. Le calcul n'est pas compliqué, mais il faut le courage politique de vouloir rendre le Québec plus riche et plus vert.

Cela passe par des éléments plus dissuasifs pour l'usage de la voiture (notamment des droits d'immatriculation additionnels sur les gros véhicules), une stratégie du transport partagée (comme les modèles de Communauto et Uber) et un financement plus important pour le transport collectif. Le Fonds vert, alimenté par les recettes du marché du carbone, devrait permettre ces investissements en transport collectif... mais l'historique de transparence du gouvernement dans l'usage de ce Fonds fait craindre des embûches.

Quand on constate les réformes entreprises en santé et en éducation, il est intrigant de s'apercevoir qu'aucune réforme n'est envisagée en transport et en énergie, alors que des gains importants pourraient être réalisés dans ces secteurs.

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