Après sa première journée de classe, mon aîné est rentré à la maison la mine sombre et le visage long. À ma question : « Qu'est-ce qui ne va pas ? », il m'a candidement répondu : « C'est la faute du gouvernement ».

Il a 10 ans et commence à peine à comprendre ce qu'est un gouvernement. Facile de déduire que ces mots n'étaient pas tout à fait les siens, mais ceux qu'on lui avait répétés tout au long de la journée.

Si je ne suis pas totalement en désaccord avec le fond des contestations exprimées par les professionnels de l'éducation, je suis néanmoins troublée par la forme choisie pour transmettre le message. Remarquez que devant le silence et l'indifférence offerts en réponse à leurs revendications, ils finissent par devoir user de créativité pour attirer l'attention et provoquer des réactions. Difficile, donc, de leur lancer la première pierre.

Cette rentrée scolaire sur fond de petite révolte populaire me donne néanmoins envie de parler de l'élève ordinaire. Je suis la première à dénoncer les interminables listes d'attente et le manque de services publics offerts aux enfants qui éprouvent des difficultés d'apprentissage et des retards de développement. Je crois que, collectivement, nous devons nous serrer les coudes pour soutenir ces élèves dans leur cheminement scolaire et prévenir leur décrochage. Cependant, je crois aussi qu'il ne faut pas, au passage, oublier la majorité silencieuse des élèves ordinaires.

Par un immense coup de chance, je suis la mère de deux de ces écoliers ordinaires. Ce sont de bons garçons avec leurs forces et leurs faiblesses académiques qui, sans être surdoués, récoltent de bonnes notes et entretiennent une attitude positive à l'égard de l'école. Si leur parcours scolaire est, à ce jour, plutôt paisible, il n'en demeure pas moins qu'ils ont besoin d'être stimulés et motivés, de se sentir interpellés et transportés, pas seulement par des activités purement académiques, mais aussi par des projets qui leur permettent de développer leurs aptitudes sociales et humaines, à l'extérieur de l'encadrement d'une salle de classe.

TACTIQUE POUR INFLUENCER LES NÉGOCIATIONS ?

Ce qui me ramène à la récente déception de mon grand garçon. Il a identifié la cause de son tourment comme étant l'annonce, sans dentelle ni gants blancs, de l'abolition de pas un, mais bien trois programmes spéciaux offerts à compter de la cinquième année, et qu'il attendait en piétinant d'impatience. Terminés, donc, l'équipe parascolaire de basketball, les séances de ski alpin et le voyage culturel à Québec.

J'ignore à qui appartient la responsabilité de cette décision et dans quel contexte elle a été prise. S'agit-il d'une initiative des enseignants responsables de ces programmes, de la direction de l'école, de la commission scolaire ? Est-ce que les budgets consacrés à ces activités ont été redirigés ? Est-ce une tactique destinée à influencer les négociations ? Je n'en ai aucune idée.

Ce que je sais, en revanche, c'est que la méthode choisie pour nous informer de ces changements, la voix des enfants plutôt qu'un communiqué aux parents, est douteuse.

Je sais aussi que ces abolitions ne sont pas sans conséquence sur la fondamentale, et parfois fragile, motivation des élèves ordinaires. Ces petits extras qu'offre l'école représentent, pour plusieurs, la différence entre motivation et abdication et leur insufflent l'élan pour regarder en avant.

Certains avanceront que ces programmes ne répondent pas aux besoins primaires d'un système d'éducation qui meurt de faim. N'empêche qu'on aurait tort de cracher sur le côté givré de l'école ; celui qui ouvre aussi l'appétit pour le côté nutritif et permet à l'ensemble de former un tout destiné à nourrir autant le cerveau que le corps, l'esprit et le coeur de l'élève ordinaire.

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