D'abord, il y a eu cette étrange nouvelle rapportant que Facebook et Apple offrent maintenant à leurs employées de rembourser la congélation de leurs ovules. Vendue comme un parmi plusieurs avantages sociaux, l'idée s'impose surtout comme une sournoise intrusion dans la vie privée des employées et une certaine forme d'exploitation et de dépersonnalisation de la femme. Puis, il y a eu cette saisissante photo de l'actrice Renée Zellweger où elle apparaît méconnaissable, à la suite de ce qui semble être une série de chirurgies esthétiques. Deux nouvelles, somme toute bien distinctes, qui ont ceci en commun : elles incarnent l'insatiable besoin, tout contemporain, de repousser l'inévitable et de mener une âpre bataille contre une vilaine injustice appelée vieillissement.

D'une part, on fait croire aux femmes qu'il est possible de faire un pied de nez à l'horloge biologique, qu'elles ont le plein ascendant sur leur fertilité et un pouvoir absolu sur leur ligne de vie. D'autre part, on nourrit la croyance que le vieillissement est une tare que les femmes, et de plus en plus d'hommes, doivent soigner à coups de bistouri, d'injections et autres tortures corporelles.

Et à quel prix ? De cruelles et douloureuses déceptions et, potentiellement, de leur santé, de celle de leur enfant et peut-être même de leur vie, comme en a témoigné la mort de Micheline Charest. Non seulement ce culte de la beauté et de la jeunesse éternelle s'inscrit surtout dans les moeurs des pays développés, mais il devient souvent une obsession pour ceux qui vivent ou travaillent sous le regard inquisiteur d'un public.

Par ailleurs, je ne peux m'empêcher de penser que derrière le désespoir dans lequel nous plonge l'image que nous renvoie le miroir, il y a une forme de vide, une quête de sens que parfois, la vie se charge de remplir autrement.

Il suffit en effet de recevoir un coup dur, un vrai, comme la perte d'un être cher ou un diagnostic de maladie grave pour relativiser les poches sous nos yeux et les ridules aux coins de notre bouche.

À travers la panoplie d'options, parfois insolites, que nous offrent désormais la science et la médecine, on peut toujours plaider les libertés individuelles et le pouvoir de disposer de notre corps selon notre bon vouloir. On peut même se réconforter avec l'approche holistique, en se félicitant de notre confiance retrouvée et de notre estime personnelle gonflée à même le Botox injecté dans nos lèvres. Mais à l'instar de Léa Clermont-Dion, qui l'exprime si bien dans son bouquin La revanche des moches, je pense que l'heure est à la réflexion et aux questions.

Quant aux réponses, elles ne tiennent pas du miracle et, comme le proposait Mitsou dans un touchant billet publié au printemps dernier, certaines émergeront d'un mouvement de discussions et de partage. D'autres, par contre, ne peuvent relever que d'une introspection bien personnelle. Il nous revient donc de choisir pour nous-mêmes des modèles inspirants et d'accepter la responsabilité des modèles que nous sommes pour nos enfants.

À ce chapitre, j'ai eu la chance d'avoir le meilleur guide qui soit ; un beau modèle qui porte fièrement ses 68 ans, qui a toujours prôné l'équilibre, valorisé le contenu avant le contenant et qui, s'il lui arrive de se plaindre de ses « petits bras mous », accepte avec une impressionnante sérénité son vieillissement. Une maman et un modèle à la hauteur de celui que je souhaite à mon tour être pour ma fille.

Devant tant d'extrêmes, ayons donc l'humilité de reconnaître que le passage du temps est un invincible adversaire et que la lutte ne peut qu'être vaine et la défaite amère. Souhaitons-nous également une saine prise de conscience, un juste retour du balancier et de nouvelles lettres de noblesse pour la vieillesse et son inhérente sagesse.

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