La mère en moi est habituellement la première à réagir devant les manchettes de l'actualité. La réflexion qui en résulte est parfois subjective, souvent émotive, mais toujours constructive.

Ainsi, en juillet 2012, j'avais le coeur serré en lisant l'histoire de cette petite fille de neuf ans de l'Outaouais qui a été exclue d'un tournoi de soccer en pleine saison au motif qu'elle portait le hijab. La tristesse et la déception se lisaient sur le visage de cette enfant qui, sans trop bien comprendre l'ampleur du tollé, ne souhaitait que jouer au soccer.

Et puis, en voyant les chemises se déchirer et les esprits s'échauffer devant le récent débat touchant le port du turban sikh sur les terrains de soccer, j'ai immédiatement pensé au discret, poli et gentil Arnav, un des attaquants dans l'équipe de hockey mineur de mon fils, qui dépassait les autres joueurs sur la glace d'une bonne demi-tête en raison du turban porté sous son casque de hockey. J'ai donc passé l'hiver à me geler les fesses sur les bancs d'arénas, le sourire aux lèvres devant ce si bel exemple d'intégration.

À l'époque de la saga du hijab, trois préoccupations étaient soulevées: l'égalité entre les hommes et les femmes, la sécurité et la laïcité. Un an plus tard, l'histoire semble vouloir se répéter.

Si l'égalité n'est pas camouflée sous le turban, la Fédération de soccer du Québec (FSQ), coupable d'une certaine lâcheté, continue néanmoins de se cacher derrière la FIFA en ignorant le chemin emprunté par les autres fédérations provinciales de soccer. Ces dernières, conformément à une directive émise par l'Association canadienne de soccer, permettent le port des turbans, patkas et keskis sur leurs terrains.

La FSQ invoque plutôt l'excuse de la sécurité en expliquant «qu'en son âme et conscience, le conseil d'administration préfère jouer de prudence, n'ayant pas d'assurance quant à la sécurité des turbans» et ce, même si aucun accident impliquant le turban n'a été rapporté.

«L'âme et conscience» de la FSQ se rappellera peut-être qu'en prévision des Jeux olympiques de Londres, la FIFA a disposé de l'argument de la sécurité du hijab en procédant à des tests sur différentes versions du foulard afin d'exclure les risques de lésion au niveau du cou et de la carotide en cas de collision à grande vitesse. Précisons au bénéfice de «l'âme et conscience» de la FSQ que les principaux intéressés sont des enfants, et non des sportifs d'élite, qui jouent au soccer de façon récréative. Ajoutons par ailleurs qu'un soulier mal lacé ou un protège-tibia déplacé est certainement plus susceptible de causer des blessures qu'un turban sur la tête.

Au soutien de sa position, la FSQ plaide également la loi 4 du règlement de la FIFA qui prévoit que l'équipement des joueurs ne doit pas inclure de signes politiques, religieux ou personnels, nous ramenant ainsi à l'argument de la laïcité. Car derrière le débat qui entoure ces couvre-chefs, se tapissent notre peur et notre incompréhension devant l'inconnu ainsi que notre légendaire insécurité identitaire.

Grand bien nous fasse la laïcité, mais il ne s'agit pas ici de fonctionnaires représentant l'État dans leurs fonctions professionnelles ni de messagers de propagandes religieuses. Ce sont des enfants qui veulent pousser un ballon et se rouler dans le gazon en jouant au soccer!

Malgré tout, la FSQ persiste et signe en prétendant que sa décision est motivée par la prudence. Je crois qu'elle est surtout nourrie par une pernicieuse, sournoise et malheureuse forme d'intolérance.

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