Martine, Ginette, May, Jimmy, Gabriel et compagnie. Ils font quasiment partie de ma famille. Je les côtoie quotidiennement et ce sont eux qui veillent au bien-être de mes lionceaux pendant que leur père et moi travaillons.

Chaque jour, ils m'accueillent avec sourire et bonne humeur et me font un rapport détaillé sur la journée de mes enfants; l'humeur générale, les bricolages réalisés, les légumes mangés. Ils les divertissent, les nourrissent, les consolent et les cajolent. Ils sont franchement extraordinaires et je ne leur dis pas assez souvent.

L'incursion dans l'univers de l'enfance que provoque la parentalité permet d'affirmer sans hésitation que les éducateurs en garderie et les enseignants sont habités d'une véritable vocation et qu'ils sont largement sous-rémunérés pour le travail qu'ils accomplissent et le rôle fondamental qu'ils jouent auprès de nos enfants.

Et comment le gouvernement traite-t-il ces héros du quotidien? En les menaçant. Perpétuellement. La garderie fait partie de ma vie depuis 2007 et je constate que la direction a constamment le couteau sur la gorge, attendant l'annonce des prochaines coupes comme une épée de Damoclès qui pend au-dessus de la tête des enfants.

Le gouvernement a récemment reculé partiellement en ce qui concerne les plus récentes compressions de 56 millions annoncées en mars dernier puisque la ministre Léger a renoncé à imposer des compressions aux CPE. Il faut dire que l'argument de la trahison était assez percutant et que Pauline Marois, la mère des CPE, y jouait sa crédibilité après avoir promis de ne pas toucher aux services de garde lors du dépôt du budget Marceau.

Reste donc les garderies privées avec qui le gouvernement n'a rien réglé et qui, à moins d'une entente, devront assumer des compressions de 15 millions. La ministre Léger se montre inflexible et suggère que pendant les 10 années du règne libéral, les garderies privées auraient bénéficié de «pas mal d'avantages». Elle semble oublier qu'en novembre 2011, ces garderies appelaient le gouvernement à l'aide en rappelant que leurs subventions n'avaient augmenté que de 1,5% au cours des trois années précédentes malgré l'augmentation vertigineuse des dépenses associées au respect des normes gouvernementales.

À entendre la ministre, on croirait presque que l'argent sort par les oreilles des garderies privées. Pourtant, les compressions annoncées représentent concrètement une réduction de 28 000$ pour chaque garderie alors que 40% d'entre elles sont déjà déficitaires. Elles devront puiser dans leur fonds d'urgence et réduire la quantité et la qualité des services offerts, ce à quoi elles refusent de se résigner.

Le gouvernement fait preuve d'un acharnement idéologique envers les garderies privées et il les traite comme si elles appartenaient à une sous-catégorie de service de garde, bien en deçà des CPE. C'est une attitude que le gouvernement ne peut pas se permettre d'adopter alors qu'il est incapable de même penser suffire à la demande de places en CPE. Je peux en témoigner puisque je suis sur la liste d'attente depuis 2007 et que je n'ai jamais été appelée, pour aucun de mes trois enfants.

Dans ce contexte, les garderies privées, subventionnées ou pas, deviennent nécessaires et comblent un besoin réel. Dès lors, il convient de les traiter avec justice et équité, au même titre que les CPE.

Chose certaine, le gouvernement s'égare, et prend les familles québécoises en otage, en faisant des garderies privées son bouc émissaire dans sa quête et son obsession du déficit zéro.

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