Il m'amuse, notre nouveau gouvernement. Ses ministres se comportent comme des chevaux confinés à l'écurie depuis trop longtemps, le bout du nez poussant contre le portillon, tous impatients qu'ils sont de s'élancer sur la piste.

Après neuf années passées dans l'opposition, il y a quand même matière à se frotter le sabot sur le sable poussiéreux! Et Pauline Marois, avec l'autorité de la chef du troupeau, n'en finit plus de calmer les ardeurs de ses étalons fringants en précisant, tempérant et nuançant les propos de ses ministres. Plutôt divertissant, ce début de mandat.

La plus récente lubie? L'annonce de Nicole Léger, reçue avec forts malaises au sein de son propre parti, d'appliquer la loi 101 dans les garderies et CPE. La loi 101 est utile, pertinente et nécessaire. Bien qu'elle profiterait assurément d'une cure de rajeunissement, histoire de s'adapter aux nouvelles réalités sociales et technologiques, il ne subsiste néanmoins aucun doute quant au bien-fondé de son existence.

La loi 101 n'a toutefois pas sa place dans les CPE, pas plus que dans les cégeps, d'ailleurs. Il est totalement farfelu de prétendre que la survie du français est menacée parce que des enfants de moins de 5 ans ne le parlent pas couramment dans leur milieu de garde.

Tout comme les libertés individuelles devraient permettre qu'après 17 ans, un jeune adulte qui vient de passer 11 années à l'école française et qui décide de poursuivre des études supérieures puisse le faire dans la langue de son choix.

Le réflexe actuel du PQ de créer une dictature linguistique détourne par ailleurs notre regard d'un troublant constat: malgré la loi 101 et en dépit de notre obligation d'envoyer nos enfants à l'école française pour leurs cours au primaire et au secondaire, nous n'avons jamais si mal parlé et écrit le français.

Dans d'alarmantes proportions frôlant les 75%, les futurs enseignants échouent même au test de certification en français écrit pour l'enseignement (TECFEE) à l'issue de leur formation universitaire.

Si les professeurs arrivent à attribuer la note de passage à plusieurs élèves, ce n'est qu'au prix d'un nivellement par le bas, de la tolérance de la médiocrité et d'une certaine forme d'abdication devant l'ampleur du défi.

Je reste convaincue que la solution à ce grave problème ne passe pas par des politiques répressives et des lois contraignantes. Il faut plutôt rehausser les standards, provoquer un sentiment d'urgence et un désir commun de s'investir dans la mission d'assurer la survie d'un français de qualité.

La maîtrise de cette langue doit devenir une priorité absolue même si on doit pour ce faire empiéter sur les cours de musique et d'arts plastiques, ou même allonger l'horaire de classe.

Si cette responsabilité est sociale et collective, elle est aussi individuelle et parentale. Les écoles fournissent aujourd'hui des guides et des outils pour aider les parents à accompagner leurs enfants sur le chemin de l'apprentissage du français et il nous appartient d'assumer pleinement ce rôle, envers et contre tous les obstacles de la vie moderne.

En imposant un contrôle linguistique obsessif et maladif, notre gouvernement a tout faux et s'enlise lentement mais sûrement dans un syndrome de persécution. Qu'on appelle vitement un médecin, car visiblement, le PQ montre d'inquiétants symptômes de paranoïa. C'est à croire que le PQ a la berlue... Est-ce que ça se soigne, docteur?

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