Le moins que l'on puisse dire, c'est que la négociation sur le programme nucléaire iranien entre Téhéran et les six grandes puissances mondiales traîne en longueur.

Elle vient d'être prolongée jusqu'en juin 2015 après avoir commencé il y a 10 ans. Pour certains, cet inaboutissement fait le jeu des Iraniens; pour d'autres, mieux vaut négocier que bombarder.

Mettre au jour et identifier un programme nucléaire militaire, le neutraliser et le placer ensuite sous contrôle est une tâche difficile, du moins en apparence. Israël, le Pakistan, l'Inde et la Corée du Nord ont acquis des armes nucléaires en jouant au chat et à la souris avec leurs alliés comme avec leurs ennemis. Au bout de 10, 20, voire 30 ans de discussions et de surveillance, on a fini par découvrir le pot aux roses. Des pressions politiques et des sanctions économiques ont été parfois appliquées, sans résultat. Ces pays ont fini par joindre le club des puissances nucléaires.

À cet égard, la genèse du dossier nucléaire iranien est instructive. Il y a 35 ans, lorsque le régime monarchiste proaméricain régnait en Iran, le programme nucléaire - à vocation civile, disait-on à l'époque - ne semblait poser aucun problème. Il était même financé par les puissances occidentales heureuses de solidifier le pouvoir à Téhéran, vu comme le gendarme du Golfe.

La révolution islamique de 1979 a bouleversé la donne. La nature agressive du nouveau pouvoir s'est rapidement révélée et son isolement a été à l'ordre du jour, du moins chez les puissances occidentales. L'Iran des mollahs n'a jamais caché ses ambitions hégémoniques dans la région et a souvent menacé directement Israël de destruction.

À défaut de renverser le régime à Téhéran, comme cela s'est produit en Irak, il devenait donc impérieux de s'intéresser à son programme nucléaire et d'empêcher le développement de ses aspects militaires. Depuis le début de la négociation en 2002, l'Iran proteste de ses intentions pacifiques, mais personne n'y croit. Seulement, voilà, la négociation avance à pas de tortue, et pendant ce temps, l'Iran acquiert le matériel nécessaire à la production d'armes nucléaires et s'impose de plus en plus dans la région comme un acteur incontournable.

Aspects techniques et géopolitiques

Dès lors, la négociation d'un accord a pris une nouvelle dimension et se déroule à deux niveaux. Le premier niveau porte sur les questions techniques visant à confiner le programme nucléaire à ses aspects civils et à détecter toute tentative de dérive militaire. Ainsi les interminables rencontres entre techniciens et experts pour négocier, d'une part, le nombre acceptable de centrifugeuses permettant d'enrichir l'uranium, le niveau de cet enrichissement et la quantité de stockage autorisé de ce matériel dans les installations et, d'autre part, le système d'inspection visant à surveiller le programme et à faire respecter un éventuel accord.

L'autre niveau de la négociation est géopolitique. Il y a les sanctions. L'Iran et les six puissances discutent du rythme de leur levée après la conclusion d'un accord. C'est un aspect compliqué, car les sanctions votées par le Conseil de sécurité de l'ONU sont doublées de sanctions bilatérales dont la levée est conditionnée, comme aux États-Unis, au jeu politique interne.

Enfin, la conclusion d'un accord est aussi intimement liée au comportement diplomatique et militaire iranien dans la région. D'où cette nouveauté que sont les conversations bilatérales entre Américains et Iraniens et les échanges de messages polis entre les présidents Obama et Rohani. Du côté des six grandes puissances, du moins des puissances occidentales, les discussions politiques visent à convaincre l'Iran de jouer un rôle «positif» en Irak, en Syrie, au Liban et dans le Golfe. L'Iran, pour sa part, cherche la fin rapide de son isolement économique et la reconnaissance de son statut de puissance régionale. Un point de rencontre est-il possible? On le saura d'ici sept mois.

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