Le fragile cessez-le-feu commencé hier matin à Gaza et devant durer 72 heures a rapidement volé en éclats. Il était destiné à fournir aux « civils innocents un répit dont ils ont bien besoin face à la violence », a dit le secrétaire d'État américain, John Kerry, en annonçant l'accord conclu entre Israël et le Hamas. Pourtant, il n'y a rien d'irréparable, et le cessez-le-feu pourrait être appliqué dans les prochaines heures, Israël et le Hamas cherchant une pause afin de conclure un accord.

D'aucuns seraient tentés de croire que ce cessez-le-feu est le résultat conjugué des pressions des uns et des autres, révoltés par la mort tragique de plus de 1000 civils palestiniens. Les attaques israéliennes ont suscité à travers le monde manifestations publiques et indignations diplomatiques.

Pour autant, Israël n'est pas isolé dans son combat contre le Hamas. Les Occidentaux soutiennent l'objectif du gouvernement Nétanyahou de détruire les infrastructures militaires du Hamas à Gaza et de plus en plus de pays arabes, dont l'Égypte et l'Arabie saoudite, critiquent ouvertement la stratégie de l'organisation palestinienne et se retrouvent dans le camp israélien. Pour eux, le Hamas est un simple pion de l'Iran dans la région et cherche constamment à provoquer un affrontement avec Israël au détriment des intérêts du peuple palestinien.

Ce ne sont donc ni les images d'enfants tués ni les jeux diplomatiques qui poussent Israël à négocier un cessez-le-feu avec le Hamas, mais bien les calculs des militaires israéliens après trois semaines de pilonnage. Les forces de défense israéliennes ont indiqué jeudi soir aux médias locaux avoir détruit 85 % des tunnels construits par le Hamas et avoir fait reculer les capacités du groupe de quatre ou cinq ans. Fort de ce résultat, le gouvernement Nétanyahou peut se permettre une cessation des hostilités pendant quelques jours afin de donner à la diplomatie un espace de négociation pour trouver un arrangement.

Dès lors, le cessez-le-feu humanitaire peut-il se transformer en une trêve permanente ? À l'heure actuelle, les objectifs des deux parties sont diamétralement opposés. Israël exige la démilitarisation de Gaza, le Hamas réclame la levée complète du blocus du territoire.

Certains spécialistes proposent la négociation d'un accord comme celui qui mit fin à la guerre entre Israël et le Hezbollah en 2006. À l'époque, 34 jours de pilonnage intensif des positions du Hezbollah et de certaines infrastructures libanaises avaient abouti à une entente de grande portée : les militants du Hezbollah, à bout de souffle, devaient quitter le sud du Liban et être désarmés, alors que l'armée libanaise reprenait le contrôle de ce territoire en conjonction avec une force de Casques bleus renforcée par des contingents européens. Huit ans plus tard, le cessez-le-feu tient toujours, même si le Hezbollah s'est réarmé.

Si ce scénario est séduisant, il reste difficilement applicable à Gaza. Au Liban, le Hezbollah a accepté le cessez-le-feu sous la contrainte de plusieurs facteurs, dont la destruction de ses sites militaires ; pressions des autres composantes libanaises pour qu'il cesse les combats, la présence d'une mission de l'ONU robuste et prête à utiliser la force en cas de violation de l'accord et la présence de l'armée libanaise.

À Gaza, la situation est différente. Le Hamas a perdu une partie de ses capacités militaires, mais il règne en maître. En supposant qu'il accepte le retour sur place des forces de l'Autorité palestinienne comme le prévoient les discussions actuelles, est-il disposé à partager le pouvoir ou même à se soumettre ? Sur le plan sécuritaire, l'ONU veut-elle déployer une force de paix dans un territoire aussi minuscule et sous la menace constante d'une reprise des hostilités ?

Dans les prochaines heures, les négociations en cours au Caire diront si un cessez-le-feu humanitaire peut se transformer en trêve permanente et à quelles conditions. Israël semble prêt à signer, le Hamas l'est-il ?

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