Décidément, tout semble aller de travers en France, de la politique à l'économie. Mercredi, l'ex-président Nicolas Sarkozy a écrit l'histoire en devenant le premier président placé en garde à vue, puis inculpé et accusé de corruption et de trafic d'influence.

Le soir même, à la télévision, il a crié au complot politique. Mais le mal est fait. Le représentant de la droite classique, candidat présumé à la présidentielle de 2017, est maintenant dans les câbles.

Dans son camp, ses «amis» politiques ne se bousculaient pas pour le défendre. Au contraire, en insistant pour que la justice suive son cours - et elle peut le faire pendant des années -, plusieurs lui ont ainsi réservé un enterrement de première classe. C'est que depuis la chute de Jean-François Copé comme président de l'UMP, le grand parti de droite, les prétendants à sa succession craignent un retour de Sarkozy, toujours populaire auprès des militants. L'ex-président a dit qu'il prendrait une décision sur son avenir à la fin de l'été, mais les prétendants veulent bloquer un retour dont ils redoutent qu'il plombe les chances de la droite de reprendre l'Élysée dans trois ans.

La France dans l'impasse

À gauche, le paysage n'est guère mieux. François Hollande est le président le plus impopulaire de la Ve république, et son gouvernement semble incapable d'amorcer le redressement économique du pays et de redonner confiance aux Français. Tous les jours, les mauvaises nouvelles s'accumulent, à commencer par les données sur le chômage. L'an dernier, Hollande avait pronostiqué une inversion de la courbe du chômage en décembre. Après un léger frisson vers le bas, la courbe a repris sa tendance à la hausse cette année ,et les derniers chiffres sont si calamiteux que le ministre du Travail a décidé de ne plus les commenter.

Quant à la croissance, elle n'est pas au rendez-vous. En 2014, elle sera sous le 1% inscrit au budget et très en retrait par rapport à une croissance de 1,9% attendue en Allemagne et de 2,7% en Grande-Bretagne. Et, puisque tout va mal, la dette frise maintenant les 2000 milliards d'euros et place le pays dans une zone dangereuse alors que les pauvres ont de moins en moins de chance de sortir de leur condition.

À défaut d'un horizon plus positif, les élites, les vieilles, celles qui représentent les deux grands courants traditionnels de la gauche et de la droite, ne trouvent rien d'autre à faire que de se quereller et de s'insulter. Les ministres écologistes ont quitté le gouvernement, et la gauche du Parti socialiste défie ouvertement la politique du président en réclamant plus de dépenses et moins d'austérité. Certains se préparent déjà à lui succéder comme candidat à la présidentielle de 2017.

Hollande a tellement perdu en crédibilité qu'à droite, on n'hésite plus à se moquer bassement de lui. Un misérable, Bruno Le Maire, prétendant à la direction de l'UMP, a fait rire ses ouailles en déclarant qu'aujourd'hui la présidence de la République, «c'est un président [...] qui va en scooter avec un casque sur la tête rue du Cirque retrouver sa maîtresse», faisant référence à l'actrice Julie Gayet.

La droite aurait tort de rire: si la France est dans une situation aussi difficile, si les Français désespèrent de leurs élites traditionnelles, elle en porte une lourde responsabilité. C'est tellement vrai qu'une commentatrice politique a lancé à la télévision mercredi, après avoir écouté la pathétique défense de Nicolas Sarkozy, que si l'UMP le choisissait candidat à la prochaine présidentielle, elle souhaitait une Marine Le Pen à 40% au premier tour, éliminant ainsi l'ancien président.

L'affaire Sarkozy est révélatrice d'un profond malaise entre les vieilles élites et la population. C'est là le terreau le plus fertile pour les extrémistes. Il n'est pas surprenant de voir Marine Le Pen s'en frotter les mains.

L'affaire Sarkozy est révélatrice d'un profond malaise entre les vieilles élites et la population.

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