L'été dernier, la diplomatie américaine s'est donnée jusqu'en avril cette année pour convaincre Israéliens et Palestiniens de s'entendre sur les grandes lignes d'un accord de paix définitif.

Au cours de ses 11 voyages effectués dans la région depuis, John Kerry, le secrétaire d'État, s'est rapidement aperçu que cet échéancier ne tiendra pas. Il a donc réduit ses attentes et, dans les prochains jours, il doit soumettre aux deux parties un projet d'accord-cadre contenant une série de propositions visant à conclure un accord définitif d'ici fin la fin de l'année.

Déjà, les médias américains ont révélé certains éléments du plan Kerry. Le secrétaire d'État propose des arrangements fondés sur les frontières d'avant le conflit de 1967 et où chaque partie procède à des échanges de territoires afin essentiellement de permettre à Israël de conserver dans ses frontières 80 % des colons. Des compensations financières sont versées aux réfugiés palestiniens et israéliens. Le statut de Jérusalem comme capitale de l'État palestinien reste à définir et Israël se retire par étapes de la Cisjordanie. Enfin, des modalités de sécurité complexes sont proposées afin de satisfaire les deux parties.

Si ces propositions sont acceptées, leur mise en oeuvre sera un véritable casse-tête. Et c'est la question de la sécurité qui risque de provoquer les plus vives tensions, Palestiniens et Israéliens ayant des visions diamétralement opposées sur le sujet.

La question de la sécurité

La question de la sécurité porte sur le contrôle des frontières de l'État palestinien (Cisjordanie et Gaza), en particulier celle de la vallée du Jourdain face à la Jordanie, la lutte contre le trafic d'armes et l'infiltration terroriste, la patrouille du territoire palestinien et, éventuellement, la surveillance du corridor reliant les deux entités palestiniennes.

Du côté palestinien, le président Mahmoud Abbas s'est dit prêt il y a quelques jours à accepter une présence militaire israélienne d'au plus cinq ans en Cisjordanie, à condition qu'elle cède sa place à une force de l'OTAN principalement composée de militaires américains. Israël rejette l'idée d'une telle force, estimant que seule l'armée israélienne est en mesure d'assurer la sécurité. Israël veut rester le long de la frontière avec la Jordanie au moins une vingtaine d'années.

À première vue, la proposition palestinienne semble pleine de bon sens. Selon le président Abbas, elle a le mérite de faire porter la sécurité des deux parties sur les principaux alliés d'Israël, ce qui devrait rassurer les dirigeants israéliens. Mais l'OTAN peut-elle offrir cette garantie de sécurité ?

Il ne fait aucun doute que l'OTAN peut déployer sur place une force importante. Le retrait d'Afghanistan libère des ressources humaines et matérielles et l'OTAN aurait besoin d'entre 40 000 et 80 000 militaires, selon certaines estimations, pour assurer les tâches de sécurité advenant la création d'un État palestinien.

L'OTAN a toutefois une expérience limitée dans la gestion de situations après conflit. En Bosnie (entre 1995 et 2004) et au Kosovo (depuis 1999), les militaires de l'alliance ont rarement été sous le feu des factions sur le terrain. Le niveau de violence dans ces deux territoires a toujours été très faible, et les accords de paix tiennent.

L'expérience israélo-palestinienne est tout autre. Les accords d'Oslo se sont effondrés, la bande de Gaza est aux mains du Hamas, et la Cisjordanie vit une paix toute relative. Sur le plan régional, le Hezbollah au Liban, des djihadistes à la frontière égyptienne et la guerre civile en Syrie créent une zone de très grande instabilité.

Ainsi, une force de l'OTAN pourrait à tout moment être attaquée et forcée de répliquer, ce qui pourrait l'entraîner dans un conflit à grande échelle. Si cela se produisait, les pays membres de la force de l'OTAN auraient-ils la volonté de demeurer sur place alors que leurs opinions publiques s'interrogeraient sur un engagement qui apparaîtrait de plus en plus comme une mission sanglante et sans issue ? Et alors, l'Afghanistan reviendrait les hanter. L'idée de Mahmoud Abbas est intéressante, mais les conditions de sa mise en oeuvre ne sont pas encore réunies.

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