Le dictateur nord-coréen donne des sueurs froides. Il promet la guerre nucléaire, si ce n'est la fin du monde. Et comme il a des armes atomiques, l'affaire est sérieuse.

Kim Jong-un a ordonné de positionner des missiles en vue d'une frappe nucléaire sur les bases américaines dans le Pacifique, et même sur le territoire américain. Il a aussi mis en alerte son armée et préparé ses armes conventionnelles pour une attaque de la Corée du Sud.

En un moment pareil, il faut surtout éviter de jeter de l'huile sur le feu par une déclaration fâcheuse faite sous la pression du moment ou des médias. Il ne s'agit pas de pratiquer une politique d'apaisement, mais d'éviter d'exacerber les pulsions paranoïaques d'un régime isolé depuis plus de 60 ans. Or, depuis une bonne semaine, certaines décisions occidentales et le comportement des médias électroniques américains alimentent la tension.

Les Américains ont dépêché le nec plus ultra de leur aviation militaire, les bombardiers B2 et F22, dont la caractéristique est d'être pratiquement indétectables. Des éléments de défense antimissile ont aussi été déployés au sol ou sur des navires. À Séoul, un porte-parole du gouvernement sud-coréen a déclaré que le Nord s'apprêtait à effectuer un autre essai nucléaire cette semaine, pour ensuite démentir immédiatement la nouvelle. Pour sa part, la nouvelle présidente sud-coréenne a promis une riposte fulgurante en cas d'attaque, mais on vient discrètement de lui rappeler qu'en cas de guerre, ce sont les Américains qui commandent le théâtre sud-coréen et qu'ils feront tout pour protéger leurs 30 000 militaires sur place.

Aux États-Unis, les médias électroniques sont sur le pied de guerre. On frôle l'hystérie. À CNN et Fox News, les émissions spéciales se succèdent et c'est à qui hurlera le plus fort afin de nous convaincre que l'apocalypse est pour cette semaine.

Il est temps d'agir pour calmer la tension. La Chine détient les premières clés. Elle a commencé par servir un sérieux avertissement à tous, mais particulièrement au régime nord-coréen. «Nous nous opposons aux propos et aux actes provocateurs de la part de tous les pays de la région et nous ne permettrons pas que l'on sème le désordre aux portes de la Chine», a dit son ministre des Affaires étrangères. La prochaine étape serait que Pékin utilise son influence économique et politique afin de tempérer les ardeurs du dictateur nord-coréen.

À Washington, le Pentagone a annoncé le report d'un tir de missile balistique «pour éviter toute mauvaise interprétation». C'est bien, mais peut-on faire plus? Jimmy Carter, envoyé spécial de Bill Clinton, avait rencontré le grand-père, Kim Il-sung. Madeleine Albright, alors secrétaire d'État, s'était rendue à Pyongyang et avait rencontré le père, Kim Jong-il. Kim Jong-un exige un appel téléphonique de Barack Obama. Rien n'empêche les Américains de lui proposer, à travers les bons offices de Pékin, la visite d'un officiel d'un certain niveau.

Quant aux intentions militaires nord-coréennes, il faut savoir garder son sang-froid. Oui, le pays a la quatrième armée du monde, mais Saddam Hussein aussi disposait d'une imposante puissance militaire, et on connaît la suite. Oui, le pays aligne des milliers de missiles conventionnels à courte et moyenne portée pointés sur Séoul et quelques bombes nucléaires, mais personne ne peut sérieusement affirmer que Kim Jong-un franchira la ligne rouge qui déclenchera en retour l'incinération de son pays.

Kim Jong-un souffle le chaud et le froid dans ses déclarations. À CNN, l'horloge du «Countdown» est sur le point d'être installée pour un événement devant arriver le 15 avril. Pourquoi? C'est l'anniversaire de naissance du Kim Il-sung, le grand-père et fondateur de la dynastie. Cette prédiction, comme celle sur la fin du monde l'an dernier par le calendrier maya, est stupide. Tout indique qu'il ne se passera pas grand-chose ce jour-là.

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