L'intervention militaire française au Mali a commencé il y a une semaine et tout indique qu'elle se poursuivra encore pendant plusieurs mois. Elle s'adaptera aux nécessités du terrain et de la situation comme cela pourrait arriver bientôt, compte tenu de la prise en otage de 41 Occidentaux hier en Algérie.

En parallèle, la France, les Africains et ceux qui veulent s'y associer devront impérativement développer avec les acteurs maliens autres que terroristes une stratégie politique visant à aider le Mali à retrouver une certaine stabilité.

Lorsque la France a informé ses alliés et le monde de sa décision d'agir contre les mouvements djihadistes, chacun a bien compris qu'elle cherchait d'abord à éviter une catastrophe nationale et, ensuite, une contagion régionale. Il ne fallait pas être grand clerc pour deviner les effets qu'aurait eus l'offensive déclenchée la semaine dernière par les djihadistes et visant Bamako, la capitale du Mali. En fonçant sur la ville, sans rencontrer la moindre résistance, les djihadistes auraient provoqué une panique généralisée, l'effondrement du gouvernement, la fuite de milliers d'Occidentaux et, peut-être, la capture de centaines d'entre eux transformés en autant d'otages à monnayer avec le reste du monde.

Sur le plan régional, la chute du Mali aux mains des djihadistes aurait fragilisé plusieurs pays, dont le Niger, la Mauritanie et le Tchad, déjà aux prises avec des mouvements semblables. Ailleurs, en Algérie, au Nigeria, en Libye, des groupes terroristes présentement actifs auraient été confortés dans leur combat.

Lundi, devant le Conseil de sécurité de l'ONU, l'intervention de la France a reçu un appui unanime. Même la Russie et la Chine, d'ordinaire si pointilleuses en matière de respect de souveraineté nationale, ont acquiescé. La France a donc obtenu une couverture politique et légale incontestable afin de mener son intervention.

Le plus difficile reste pourtant à faire. Si le gouvernement malien a été et est toujours incapable de faire face aux djihadistes, d'une part, et à la rébellion touareg, d'autre part, c'est qu'il est plongé dans une crise politique et morale profonde qui l'oppose à ses militaires du rang et à une partie de la société. Les élites politiques et certains hauts gradés de l'armée ont perdu la confiance de la nation à cause de leur corruption, de leurs luttes intestines et de leur incapacité à régler la question touareg et à combattre les djihadistes.

Jusqu'au coup d'État de mars 2012, l'Occident voyait dans le Mali un modèle de gouvernance, de respect de la démocratie et d'apaisement dans les relations civilo-militaires. Le coup a fracassé cette image Potemkine pour révéler une situation désastreuse.

Il est urgent aujourd'hui pour les Maliens de reconnaître que l'heure est à la réconciliation nationale. Le président intérimaire, le gouvernement, les partis politiques, les organisations de la société civile - très actives dans ce pays - et les militaires doivent retrouver le chemin du dialogue. Toutes les forces du pays doivent mettre à profit l'intervention française et bientôt africaine afin de rétablir sur des bases plus solides la démocratie dont les Maliens jouissaient depuis une vingtaine d'années. Et cela passe par le respect des aspirations légitimes des Touaregs.

L'Occident, le Canada en particulier, a beaucoup investi au Mali. La situation actuelle ne doit pas lui faire baisser les bras, au contraire. Les Occidentaux doivent agir sur deux plans.

Sur le plan militaire, l'intervention contre les djihadistes doit se poursuivre avec toute la vigueur nécessaire. Comme le rappelait cette semaine le diplomate canadien Robert Fowler, kidnappé et détenu par Al-Qaïda au Maghreb en 2009, il n'y a rien à négocier avec ce groupe et ses alliés.

Sur le plan politique et financier, il est dans l'intérêt des Occidentaux de rester engagés au Mali. En accompagnant le processus politique et en restaurant les flux financiers, nous contribuerons à rétablir la stabilité et, dans une certaine mesure, à assécher le terreau où le terrorisme prolifère.

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