Après quatre ans d'un premier mandat Obama et malgré une rude crise économique, les États-Unis restent la première puissance de la planète. Ils inspirent toujours la crainte et ont gagné le respect de nombreux pays qui les avaient boudés, sinon carrément lâchés, pendant la présidence Bush.

Et, contrairement à ce que certains médias et experts véhiculent, jamais depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale le monde n'a été aussi paisible et moins violent. Le 20 janvier prochain, lors de son inauguration, le président, Barack Obama, héritera donc d'une situation mondiale plus apaisée.

Sur plusieurs fronts, les États-Unis ont récolté les fruits d'une politique modérée et réaliste. Les relations avec l'Europe sont redevenues excellentes, au point où, à la faveur du Printemps arabe, Washington et les grands pays du Vieux Continent ont mené une intervention militaire commune afin de débarrasser la Libye d'un régime honni. Les diplomaties américaine et européenne s'accordent sur la Syrie, restent fermes quant aux ambitions nucléaires iraniennes, et coordonnent leurs actions au sujet de la crise financière.

Avec l'Amérique latine, les États-Unis renforcent leurs liens économiques et politiques et gèrent de très bonne façon leurs différends avec Cuba et le Venezuela. En Afrique, ils s'impliquent dans le règlement des conflits et investissent dans l'économie. Dans la région Asie-Pacifique, les États - de l'Australie au Viêtnam en passant par l'Indonésie - se bousculent pour cimenter leurs relations avec Washington par crainte de la puissance chinoise.

Si le slogan lancé pendant la campagne électorale par le vice-président Joe Biden - Ben Laden est mort et General Motors est en vie - a quelque chose de caricatural, il n'en résume pas moins la position du pays sur la scène internationale comme nationale.

La mer est calme, donc. Cela n'empêche pas que des endroits névralgiques, des zones de friction occuperont le président durant les quatre prochaines années. La situation au Proche-Orient est à la fois bloquée et dangereuse. Le processus de paix israélo-palestinien est au point mort, et ce n'est pas la faute du président, mais bien des deux protagonistes. La Syrie va poursuivre sa descente aux enfers sans pour autant menacer les grands équilibres dans cette région. Le danger viendra plutôt du côté iranien, dès l'élection d'un nouveau président en mai. Le Pakistan continuera d'inquiéter et la diplomatie occidentale devra tout faire pour éviter qu'il ne sombre dans le chaos. Avec la Russie, Washington devra apprendre à respecter ses sautes d'humeur et ses zones d'influence. La relation est trop précieuse, et Moscou sait jusqu'où aller.

C'est dans l'est de l'Asie que le président aura fort à faire. Les zones de turbulences sont nombreuses et imprévisibles. Depuis quelque temps, on ne parle plus de la Corée du Nord, et pourtant elle continue de fabriquer des armes nucléaires tout en vivant une situation politique et sociale délicate et fluide. La Chine poursuit, à un rythme plus lent, son formidable développement économique et militaire. Elle n'hésite pas à affronter ses voisins au sujet de différends territoriaux. Pour autant, la relation avec la Chine demande de la finesse.

À cet égard, le président ferait bien d'avoir à l'esprit le conseil que prodigue l'ancien secrétaire d'État James Baker dans la dernière édition du magazine québécois Forces. «Il faut comprendre que la Chine doit pouvoir avoir sa propre politique étrangère et de défense, dit-il. On peut en faire son ennemi si l'on s'y prend mal, mais elle n'est pas une ennemie des États-Unis ni de l'Occident, simplement une concurrente.»

Une crise politique et sécuritaire mondiale n'est jamais exclue dans un système qui, depuis 20 ans, évolue rapidement et où de nouvelles puissances émergent. Mais si le passé est garant de l'avenir, les quatre prochaines années ne laissent entrevoir aucune rupture dangereuse de l'ordre international, toujours occupé au centre par les États-Unis, en position dominante.

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