C'est un conflit qui ne défraie pas les manchettes, mais il est dangereux pour toute une région de l'Afrique. Le Mali est plongé depuis plus de six mois dans une profonde crise politique et sécuritaire, et la communauté internationale est divisée sur les moyens à prendre pour éviter le pire.

Le Mali n'est pas un pays de première importance. Il a peu de ressources naturelles. Jusqu'au début de l'année, il avait toutefois connu 20 ans de vie politique apaisée, caractérisée par des élections démocratiques et des passations de pouvoirs régulières. Un fait rare en Afrique. Le pays profite aussi d'un certain développement économique. À ce titre, il jouit de l'attention des bailleurs de fonds. Le Canada en a fait un de ses premiers bénéficiaires d'aide au développement, après l'Afghanistan et Haïti.

Malgré cela, le Mali fait face à deux menaces. La première, ancienne, concerne la fracture entre le Sud, plus riche et développé, et le Nord, pauvre et régulièrement secoué par des contestations politiques et sociales. La deuxième menace, plus récente, est le résultat des agissements de groupes terroristes installés dans certains pays de la bande sahélienne: Algérie, Mauritanie, Libye, Niger.

Jusqu'à tout récemment, les gouvernements maliens avaient évité d'utiliser la violence afin de contrer ces menaces. La question touareg avait été réglée il y a plus de 10 ans et le Mali ne connaissait pas la présence de groupes terroristes sur son territoire. Les choses ont pris une autre tournure récemment.

En janvier, un mouvement sécessionniste touareg du Nord a attaqué des camps militaires maliens et proclamé l'indépendance du territoire sous leur contrôle. Un mouvement islamiste radical et Al-Qaïda au Maghreb se sont joints à la rébellion. De grandes villes comme Tombouctou sont tombées entre leurs mains et ont été saccagées. Le gouvernement central a été ébranlé et des militaires ont chassé le président. Aujourd'hui, le Mali est amputé de la moitié de son territoire et dirigé par un gouvernement transitoire fragile sous la surveillance des militaires.

Malgré ces bouleversements, une bonne partie de la classe politique réclame une intervention militaire régionale afin de rétablir la souveraineté malienne sur le Nord. Le 26 septembre, l'ONU a tenu un débat spécial sur la question du Sahel, et le président François Hollande a demandé au Conseil de sécurité d'autoriser le déploiement d'une force régionale au Mali afin de confronter les sécessionnistes, les islamistes radicaux et les terroristes.

Cette demande d'intervention ne fait pas l'unanimité. L'Algérie voisine prône le dialogue avec les insurgés. L'International Crisis Group, un centre de recherche dirigé par la Canadienne Louise Arbour, va dans le même sens. Pour sa part, le premier ministre malien, Modibo Diarra, distingue deux groupes: le premier rassemble les Touaregs qui ont des revendications dont on peut discuter. Le deuxième, qui domine la région nord et se livre aux violences, est composé de «terroristes, de narcotrafiquants, de preneurs d'otages, de bandits de toutes sortes» avec qui la négociation est impossible.

Diarra a reçu un appui inattendu d'Abdou Diouf, le Secrétaire général de la Francophonie. Dans une entrevue publiée par Jeune Afrique cette semaine, il a déclaré que «la situation au Mali est un cancer qui peut métastaser dans toute la région». Il n'y a pas de «dialogue possible avec ceux qui s'attaquent au patrimoine culturel et agressent les populations au nom de la charia». Dès lors, «la mort dans l'âme, je me résous donc à une opération militaire pour rétablir l'intégrité territoriale du Mali», a-t-il dit.

Le Mali sera à l'ordre du jour du prochain sommet de la Francophonie à Kinshasa la semaine prochaine. On verra alors jusqu'où la France, le Canada et d'autres pays sont prêts à aller pour éliminer ce «cancer».

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