Les États-Unis, dit-on, sont toujours en campagne électorale. Ce n'est pas faux - il y a des élections tous les deux ans - mais cela demeure un cliché. La vraie campagne électorale, celle qui compte, la présidentielle, commence cette semaine et se termine le 6 novembre avec l'élection du président.

Les conventions républicaine et démocrate se sont terminées la semaine dernière. Les Américains qui ont regardé ces grands-messes n'auront peut-être pas distingué immédiatement les différences entre les partis tant la couleur des ballons, le rituel du processus de nomination et la chorégraphie du spectacle ont été les mêmes, à Tampa comme à Charlotte. Pourtant, comme en 2008, malgré certaines similitudes, un vrai choix s'offre aux Américains cette année.

Le Parti républicain est résolument campé à droite, plus encore que sous le règne de Ronald Reagan. Ses leaders, Mitt Romney en tête, ne se gênent plus pour renier un temps, pas si lointain, où ils pratiquaient la modération et l'ouverture. Ils tirent sur tout ce qu'ils adoraient: l'État, la sécurité sociale, la dépense publique pour stimuler l'économie, le financement de l'éducation supérieure. Leurs discours sont de plus en plus durs, de plus en plus stridents. Ils en effraient certains, ils en attirent d'autres.

À Tampa, lors de la convention républicaine, il fallait être aveugle pour ne pas voir que le seul partisan noir dans l'assistance en était une, Condolezza Rice, installée à la tribune. Il y avait quelques latinos et des jeunes, mais surtout des blancs de plus de 50 ans craintifs face au désordre du monde et en colère contre le président actuel.

Le Parti démocrate est à gauche, du moins pour ce que cela veut dire aux États-Unis. En 2008, Barack Obama a fait l'unité des différentes factions du parti autour de lui et réussi à convaincre les électeurs indépendants qu'il pouvait changer les choses. Il a emporté la mise et, en même temps, récolté le désastre laissé par l'administration Bush.

Il était écrit qu'il ne pouvait réussir rapidement. La crise a frappé de plein fouet les États-Unis comme le reste du monde, à la notable exception du Canada. L'économie stagne et de nombreux Américains ont la nette impression que le fossé entre les riches et les pauvres se creuse chaque jour un peu plus, que les services publics se dégradent, que des quartiers entiers, pour ne pas dire des régions entières, sont abandonnés et en voie de tiers-mondisation.

L'homme du «Yes We Can» a déçu de nombreux partisans démocrates pour qui Barack Obama n'est pas allé assez loin dans les réformes. Au contraire, pour certains électeurs indépendants, le volontarisme du président les a carrément effrayés.

Malgré tout, le Parti démocrate a gardé ses fidèles. Dans l'amphithéâtre de Charlotte, en Caroline-du-Nord, la nation arc-en-ciel était présente: blancs, noirs et latinos. Voilà une base sur laquelle solidifier les appuis au Parti démocrate. Ce n'est pourtant pas suffisant pour gagner. Au cours des prochaines semaines, Barack Obama doit redevenir l'extraordinaire pédagogue qu'il est afin de remobiliser les jeunes, les indépendants et une partie de la classe moyenne blanche qui ont constitué l'essentiel de son électorat.

Le président doit mettre de l'avant un bilan somme toute fort respectable, compte tenu des circonstances nationales et internationales. Le défi est complexe, car les États-Unis sont en déclin - relatif, bien entendu, mais en déclin - et les deux grands partis n'ont ni le courage politique d'en parler à l'électorat, ni toutes les solutions afin d'adapter leur pays à cette situation.

Quoi qu'il en soit, il faut choisir un président. Mitt Romney a tout pour le devenir, mais il n'arrive qu'à rassembler des radicaux et des frustrés. Barack Obama a déçu, mais il incarne encore l'espoir.

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