Il y a quelque temps, Luc Ferrandez, le maire de l'arrondissement du Plateau Mont-Royal, s'insurgeait contre la possibilité que l'entreprise Carbonleo construise à Montréal un nouveau complexe commercial comprenant des magasins, des restaurants et des salles de spectacles.

Le chef de l'opposition veut mettre des bâtons dans les roues à quiconque essayera de réaliser ce projet prévu à l'intersection des autoroutes 15 et 40 dans l'arrondissement de Ville Mont-Royal. Il estime qu'un tel complexe viderait davantage certaines artères commerciales déjà fragilisées. Il faut noter ici que le terrain en question fait 20 hectares et qu'il s'agit d'un secteur industriel plutôt défraichi.

D'une part, comment un maire responsable peut-il refuser de même considérer un projet d'envergure dont les plans ne sont même pas encore finalisés? D'autre part, comment un maire responsable peut-il dire que l'économie de Montréal est fragilisée, et en même temps, refuser un investissement majeur, dans un carrefour névralgique, sur la base que cela pourrait nuire à certaines artères commerciales existantes, comme la rue Saint-Denis, le boulevard Saint-Laurent et la Plaza Saint-Hubert?

Comment peut-il aujourd'hui se poser en défenseur des petits commerçants alors que ses politiques passées ont justement eu pour effet d'en décourager plusieurs dans son propre arrondissement, notamment sur l'avenue Mont-Royal, en imposant des mesures anti-commerciales et contre-productives?

Ce n'est certainement pas en essayant d'obliger les consommateurs à magasiner à certains endroits précis qu'ils vont le faire. Au contraire!

S'adapter ou mourir

Si Montréal ne permet pas à ses citoyens d'avoir accès aux nouveaux types de commerce dernier cri, il est évident que nous en verrons de plus en plus aller magasiner au Dix30 à Brossard ou aux Premium Outlets à Mirabel. Non pas que je favorise ce type de centre (je n'y vais jamais), mais il m'apparait évident que la construction d'un complexe géant, bien pensé et bien ficelé, à l'intersection de la 15 et de la 40 aurait le potentiel d'arrêter la saignée vers les nouveaux centres commerciaux des banlieues, de garder nos acheteurs sur l'île, et même de faire revenir les banlieusards à Montréal.

Par définition, le commerce de détail est un éternel recommencement.

Il ne faut pas oublier une loi non écrite du commerce qui dit qu'il faut«s'adapter ou crever». Il est vrai que les commerces sur certaines artères ont de la difficulté à survivre et que plusieurs ont fermé leurs portes. Mais faites le tour de ces rues commerciales et vérifiez combien de propriétaires ont rénové leur commerce dernièrement, ou combien d'entre eux ont adopté le commerce en ligne. Il n'y en a presque pas, ce qui explique en bonne partie la déchéance que l'on peut y retrouver.

Chaque commerce doit s'adapter à son environnement et à sa clientèle. Il y a toujours eu et il y aura toujours de nouveaux commerces qui vont ouvrir alors que d'autres vont fermer. C'est la loi du commerce. C'est la même chose pour les artères commerciales: populaires un jour, délaissées le lendemain. La Plaza Saint-Hubert en est un exemple frappant. Je me souviens du temps où cette artère était presque aussi populaire que la rue Ste-Catherine. Ce n'est plus le cas depuis des lunes.

Penser qu'on va régler les problèmes de la Plaza en empêchant la construction de concepts plus modernes est une absurdité. Qu'on me trouve un seul exemple démontrant qu'une telle politique a fonctionné dans le passé! Laissons donc les commerçants commercer et laissons les consommateurs décider eux-mêmes où ils veulent faire leurs achats.

Quant aux politiciens, ils auront amplement l'opportunité d'exiger, le temps venu, des changements pour s'assurer que le projet de Carbonleo s'intègre bien dans une vision à long terme de Montréal. Et si jamais ils décident de refuser le projet, qu'ils le fassent pour les bonnes raisons, et non pour protéger des commerces souvent appelés à disparaitre à cause de leur localisation vieillissante.

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