Le Québec a eu sa part de villes mono-industrielles qui ont vécu une déchéance marquée une fois que l'industrie qui les faisait bien vivre eut fermé ses portes.

La première ville qui me vient en tête est Trois-Rivières, qui s'affublait du titre de «capitale mondiale du papier journal» lorsque j'y étais étudiant dans les années 50. Peu de chômage, salaires élevés et une jeunesse fringante, Trois-Rivières n'a tout simplement pas vu venir la fin de son âge d'or. Les papetières ont fermé les unes après les autres et personne n'a levé le petit doigt pour s'assurer que la ville se diversifie avant qu'il ne soit trop tard. De capitale du papier journal, Trois-Rivières devint capitale du chômage avant qu'un mouvement de solidarité lui permettre de se ressaisir. On a réussi à se remettre en marche, mais une génération a été perdue.

Shawinigan vit aujourd'hui à peu près le même phénomène. Longtemps une ville mono-industrielle avec ses usines chimiques et de papier, elle et sa jumelle, Grand-Mère, ont connu tour à tour les fermetures, entre autres, de la Union Carbide, de la Gulf et des papetières, dont la dernière, Belgo, a fermé ses portes récemment. Il suffit de rouler sur la 6e avenue, principale artère commerciale de Grand-Mère, pour se croire dans une ville fantôme.

Shawinigan se reprend lentement en main avec des initiatives locales, notamment l'ouverture d'un Centre d'entrepreneuriat dans une ancienne usine de textile connue dans le temps sous le nom de Wabasso. Mais, tout comme dans le cas de Trois-Rivières, une génération aura été perdue pour avoir attendu la fermeture de toutes les grandes industries avant de réagir.

Un cas différent en Abitibi

Ce qui me mène à Malartic, en Abitibi, petite ville de seulement 3500 habitants qui a vécu à l'aide de deux industries tout au long de son histoire: la foresterie et les mines. Elle a survécu jusqu'ici parce que ces deux dernières étaient complémentaires et que, historiquement, les mines connaissaient une période faste lorsque la foresterie connaissait une période difficile, et vice versa.

Aujourd'hui, la situation est différente: il n'y a presque plus de travail en foresterie et la dernière mine d'or, la Canadian Malartic, devrait devoir fermer ses portes aux alentours de 2030, lorsque les réserves seront épuisées. Mais plutôt que de croiser les bras en attendant la fin, le conseil municipal a décidé de prendre les choses en main et de lancer le projet Horizon 2030, histoire de décider dès maintenant ce que sera le «nouveau Malartic» dans 15 ans.

Malartic n'est probablement pas la destination que j'aurais choisie cet automne pour aller y passer une fin de semaine. Mais je n'ai pu résister à l'invitation qui m'a été faite de m'adresser à un forum citoyen pour les convaincre de persister dans cette voie et de participer à ce renouveau. Ils étaient une centaine par un beau samedi à passer la journée à décortiquer chacune des options qui offrent un potentiel de développement pour Malartic. Ce qui est certain, c'est que personne ne pourra dire que tout ce processus s'est fait en vase clos. Les résultats démontreront un consensus découlant de consultations démocratiques.

Il est à espérer que d'autres municipalités fragilisées par leur statut de ville mono-industrielle s'inspirent de l'exemple de Malartic pour éviter de se retrouver dans un grand vide social et financier. Trois-Rivières et Shawinigan sont là pour confirmer que ce n'est pas beau à voir, encore moins à vivre, et que la route vers le renouveau est abrupte. Malartic, de son côté, a compris que c'est maintenant, 15 ans avant la fermeture prévue de sa dernière mine d'or, qu'il faut poser des gestes. Chapeau!

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