Les enfants qui aiment le sport et qui le pratiquent avec plaisir en retirent de nombreux bénéfices, incluant une meilleure estime de soi. Toutefois, malgré ses aspects positifs, le milieu sportif peut aussi avoir ses côtés dommageables.

Lors de l'implantation des plans de lutte à l'intimidation dans les écoles primaires, j'ai constaté que de nombreux cas d'intimidation se déroulaient au sein des équipes sportives. Il arrive fréquemment que des jeunes encaissent des commentaires blessants à répétition, par exemple sur leur physique ou leur performance, qu'ils se fassent traiter de « petit », « bébé », « gros nul », ou encore se fassent bousculer sous le prétexte déguisé d'un plaquage.

Dans de telles situations, les joueurs acceptent souvent d'encaisser bousculades, moqueries et commentaires blessants ou encore choisissent de quitter le jeu par crainte de passer pour un « gros bébé qui pleurniche » s'ils dénoncent les « brutes du jeu ». Le silence est alors souvent encaissé par les autres membres de l'équipe afin d'éviter l'humiliation ou l'exclusion.

Des jeunes aux pros

Ces comportements antisportifs ne sont toutefois pas exclusifs aux jeunes. Lors du dernier match de hockey opposant les Bruins de Boston au Canadien de Montréal, un joueur des Bruins, Milan Lucic, a mal accepté la défaite de son équipe et adopté une attitude déplorable. Lors du traditionnel échange de poignées de main, Lucic a proféré des propos disgracieux à deux joueurs en leur disant qu'il « allait les tuer l'an prochain ».

Il en rajouta en qualifiant Weise de « bébé » s'il parlait publiquement de cet incident, car selon lui, ce qui se dit sur la glace devrait y rester. C'est là le comportement typique que j'observe et dénonce chez les intimidateurs, c'est-à-dire les menaces, la loi du silence imposée par l'humiliation et la banalisation des gestes et paroles intimidantes.

Doit-on s'étonner que des jeunes jouent avec rudesse alors que certains adultes adoptent une attitude aussi dépourvue d'esprit sportif ? Les enfants apprennent par l'exemple et les athlètes au comportement exemplaire leur inculquent le respect de l'adversaire. C'est ainsi qu'ils comprendront les principes de l'esprit sportif et qu'ils pourront connaître la joie de la compétition tout en développant de belles habiletés sociales.

Les joueurs populaires servent de modèles non seulement lorsqu'ils sont sur le terrain, mais aussi entre les parties. Pour cette raison, ils ont la responsabilité sociale de se comporter correctement. Ils doivent incarner des valeurs nobles telles que l'excellence, la discipline et le dépassement de soi.

C'est avec beaucoup de fierté que les jeunes affichent les couleurs de leurs équipes favorites et jouent le rôle des joueurs qu'ils admirent. Je les vois souvent s'élancer dans la cour de récré en s'imaginant être dans la peau de Subban ou de Messi.

Le comportement de Lucic est tout simplement intolérable à l'ère ou nous dénonçons l'intimidation. Nous n'hésitons pas à critiquer Justin Bieber pour sa conduite déplacée ou Miley Cyrus pour son hypersexualisation. Pourquoi tolérerions-nous le geste de Lucic ?

Le tout est d'autant plus décevant que l'attaquant des Bruins a publié un ouvrage contre l'intimidation, destiné aux écoliers, intitulé Not Cool To Bully in School. Cordonnier mal chaussé ou patins mal aiguisés, Lucic aurait mérité une réprimande pour son attitude antisportive.

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