En échappant au piège d'un exercice uniquement centré sur la question des droits de scolarité, le Sommet sur l'éducation supérieure, annoncé pour février prochain, peut devenir une extraordinaire occasion pour le Québec d'actualiser sa réflexion sur l'éducation comme levier de développement tant social qu'économique.

Il est même un peu ironique de penser que ce qui avait, au départ, été annoncé par le PQ comme un moyen pour régler l'importante crise sociale générée par le refus de discuter du PLQ, devienne un moyen d'aller de l'avant avec une priorité à l'éducation identifiée sous la gouverne des libéraux à l'occasion de la rencontre des partenaires socioéconomiques de Lévis en janvier 2010. Une rencontre à laquelle le PLQ n'avait malheureusement jamais donné de suite sérieuse!

Cinquante ans après le rapport Parent, il est tout indiqué de refaire le point sur l'éducation. Certes, nous avons fait des progrès énormes en terme de démocratisation. Sommes-nous cependant allés assez loin, quand on pense non seulement aux exigences du marché du travail et de l'économie de demain, mais aussi à l'importance de l'éducation comme facteur de développement des personnes, de mobilité sociale et de contribution citoyenne?

Quel type d'éducation et d'université voulons-nous au XXIe siècle? Qu'entend-on par une éducation de qualité? Quels défis en découlent en terme de financement et de gouvernance de nos institutions? Autant je tiens pour centrale la préoccupation de poursuivre le travail de démocratisation en matière d'accès à nos universités, autant je plaide pour l'excellence de notre système d'éducation. Opposer l'un à l'autre est un non-sens.

Je constate cependant que les universités ne se sont jamais vraiment expliquées quant à leur prétention de sous-financement. Il s'agit à l'évidence d'une question complexe, qui mérite mieux que la thèse parfaitement idéologique qu'elles ont servi au mouvement étudiant et aux organisations syndicales lors de la rencontre avortée de décembre 2010, alors qu'elles appuyaient leurs prétentions sur le fait que les faibles droits de scolarité diminuent la valeur des diplômes! Les Québécois, comme les étudiants, sont en droit de savoir en quoi une hausse améliorerait la qualité de l'enseignement.

En quoi, enfin, s'agit-il d'un problème de sous-financement plutôt que de mal financement quand on prend en compte les nombreuses dérives qui ont fait les manchettes quant à la gouvernance des universités?

De la même façon, constatons que si la hausse des droits de scolarité peut réduire l'accès aux études supérieures, elle ne constitue certainement pas le seul élément qui freine l'effort de démocratisation. Les causes de ce type d'exclusion sont multiples. En ce sens, il y a lieu de demander au gouvernement de s'ouvrir aux difficultés que pose la réalité de l'endettement étudiant et surtout de se commettre s'il privilégie d'autres investissements pour garantir une meilleure égalité des chances. Ce sommet doit aussi permettre d'identifier les meilleurs investissements à faire pour positionner l'éducation comme une réelle priorité nationale.

Le sommet de février constitue bien sûr un passage délicat quand on se rappelle la polarisation des forces québécoises à l'occasion de la crise étudiante et les divergences qui existent au sein même du mouvement étudiant. Le gouvernement a posé des gestes d'apaisement et de détente. Il a tendu la main en invitant au dialogue et en levant tout interdit quant aux propositions qui pourront y être débattues. Il a préparé les conditions d'un échange plus large et plus constructif en mettant en place de nombreux exercices de consultation et de présentation par des experts en préparation du sommet lui-même.

Demandons maintenant aux recteurs de se plier au nécessaire exercice d'argumentation et de reddition de comptes. Nous avons une occasion en or, comme société, de non seulement nous sortir des divisions et du bourbier du printemps dernier, mais aussi de lancer le Québec sur une trajectoire d'avenir et de progrès, qui donne de la vision et qui réconcilie nos valeurs d'égalité des chances, d'excellence et de bien commun.

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